Les candidats démocrate et républicain à la présidentielle américaine Barack Obama et John McCain ont rendez-vous vendredi pour le premier de leurs trois débats télévisés, une étape incontournable et parfois décisive de la course à la Maison Blanche.

«Les enjeux (pour les candidats) ne sont jamais aussi élevés que lors d'un débat», affirme Dan Bartlett, consultant de la chaîne CBS News après avoir été conseiller du président George W. Bush. «La tension générale et l'anxiété sont inouïes», dit-il.

Organisé dans l'enceinte de l'université du Mississippi (sud) à Oxford, diffusé par la chaîne de télévision publique PBS, le débat devrait être retransmis en direct sur la plupart des chaînes de télévision nationales. Le face à face commencera à 21H00 (heure de Washington - 01H00 GMT samedi) et durera 90 minutes. MM. Obama et McCain seront assis autour d'une même table, séparés par le journaliste qui animera l'émission.

Théoriquement, les deux candidats devraient être interrogés sur les questions de politique étrangère et de sécurité nationale mais il est probable, en raison de la crise financière, que les thèmes économiques seront abordés dès cette première rencontre.

En 1980, près de 81 millions de téléspectateurs, un nombre record à ce jour, avaient regardé le face-à-face entre Ronald Reagan et Jimmy Carter. Certains commentateurs s'attendent à ce que ce chiffre soit pulvérisé. Le premier débat télévisé, en 2004, entre le président George W. Bush et John Kerry avait été suivi par 62,4 millions de personnes.

Le sénateur de l'Arizona, 72 ans, «ne peut se permettre de paraître âgé», estime Dan Payne, ancien consultant démocrate, spécialiste des débats télévisés. «Une ou deux erreurs et c'est la chute dans les sondages», dit-il. Le sénateur de l'Illinois doit quant à lui apparaître comme connaissant les sujets mais doit éviter d'en faire trop. «Si on lui demande l'heure, il ne doit pas expliquer comment on fabrique une montre», résume M. Payne. Ses réponses devront être «vives et s'en tenir au sujet», estime M. Bartlett.

L'ancien directeur de la communication de Hillary Clinton, Howard Wolfson, qui travaille désormais pour la chaîne Fox News, a conseillé à M. Obama «de dire les mots "George" et "Bush" aussi souvent que possible».

La campagne de M. Obama insiste pour présenter M. McCain comme l'héritier de l'impopulaire président.

Mais M. Bartlett prévient que ce pourrait être une stratégie dangereuse: «M. McCain est en désaccord avec M. Bush sur un grand nombre de sujets et n'aura pas de mal à le démontrer», dit-il.

Les deux candidats devront impérativement éviter la gaffe irréparable du type de celle du président républicain Gerald Ford affirmant en 1976 lors de son débat avec Jimmy Carter: «Il n'y a pas de domination soviétique en Europe orientale».

Les candidats devront également se surveiller. Le coup d'oeil du président Bush père à sa montre, en 1992, pendant qu'il débattait d'économie avec Bill Clinton ou l'attitude hautaine du vice-président Al Gore, en 2000, soupirant bruyamment lorsque les réponses de George W. Bush ne lui plaisaient pas, ont exaspéré les téléspectateurs.

Bush père avait perdu sa réélection et M. Gore a été battu par George W. Bush.

Le débat de vendredi sera suivi le 2 octobre par un débat entre les candidats à la vice-présidence, Sarah Palin et Joe Biden. MM. Obama et McCain auront l'occasion de se retrouver à deux reprises, le 7 et le 15 octobre.

L'élection présidentielle est prévue le 4 novembre.