Touristes et New Yorkais ont afflué samedi dans les centres d'accueil mis en place à New York, désemparés, mais rarement inquiets de l'arrivée imminente de l'ouragan Irene.

Tôt dans la matinée, ils étaient déjà une centaine, en plein coeur de Manhattan, à patienter dans les locaux de l'université Hunter à l'angle de la 3e avenue et de la 25e rue.

Certains, tel Philippe Kridelka, directeur du bureau de l'UNESCO à New York et ancien ambassadeur de Belgique à Singapour, sont là en famille. M. Kridelka habite près de l'ONU, non loin de l'East river. «Les gérants de l'immeuble nous ont demandé d'évacuer. Je viens de rentrer de vacances en République dominicaine, j'ai de la famille en visite, on est tous là», explique-t-il à l'AFP. «On a hésité, mais on ne veut pas prendre de risques. On fera ce qu'ils nous disent».

Il n'est pas inquiet. «C'est bien organisé, et ce n'est pas un tsunami» ajoute-t-il, connaisseur.

À quelques mètres, une vieille dame en fauteuil roulant remplit avec application un formulaire d'inscription.

Une autre New Yorkaise est arrivée avec son chien en cage.

Sur les murs, des grandes flèches aident les arrivants à se repérer. «Zone de sommeil, secteur B2». «Salon et zone de rencontre pour les familles», «toilettes»: tout est soigneusement balisé.

Une douzaine de bénévoles en gilet orange les accueillent. Inscription obligatoire.

«Vous habitez près de l'eau? Combien êtes-vous?» demande Shirley, qui a travaillé toute la nuit pour accueillir les premiers évacués.

Pour la première fois dans l'histoire de New York, le maire Michael Bloomberg a en effet ordonné vendredi l'évacuation de 370 000 personnes vivant dans des zones inondables. Immeubles résidentiels, bureaux, magasins, mais aussi hôtels ont dû fermer leurs portes.

Une femme enceinte arrive avec son mari allemand. Le couple a une petite valise et un parapluie. «Nous avons été obligés d'évacuer», explique-t-il. «Mais ça va aller», ajoute-t-il pour rassurer son épouse.

Deux frères russes sont là avec de gros sacs, complètement désemparés. «Ils devaient rentrer en Russie», explique Dino, qui a passé la nuit au centre.

Le personnel leur explique qu'ils ne vont pas pouvoir rester là, et les orientent vers des bus jaunes d'écoliers, qui vont les conduire dans un autre centre.

Déjà habitué des lieux, Dino, qui refuse de donner son nom, explique en fumant sa cigarette à l'extérieur qu'il était venu de Floride «pour une semaine de vacances». «J'ai dormi ici cette nuit. Mais ils ne m'ont rien donné à manger, j'ai du sortir acheter mon café», râle-t-il.

Au total, 91 centres d'accueil ont été ouverts dans New York, où tous les transports en commun sont arrêtés pour le week-end.

Mais certains New Yorkais n'en ont pas eu besoin. Certains ont quitté la ville dès vendredi.

D'autres ont trouvé refuge dans leur famille.

«Mon frère habite dans l'Upper West. Je pars là-bas», explique ainsi Jessica Serbin, son sac à la main, en quittant son appartement près de Wall Street.

Et d'autres, peu soucieux des exhortations du maire, ont ignoré l'ordre d'évacuation.

«Je vais rester là. Je vais dormir dans mon café», confie à l'AFP Harry Poalakakos, propriétaire du Harry Cafe dans le quartier de Wall Street.

«Il y aura beaucoup de vent, beaucoup d'eau. C'est tout. Cela arrive. C'est une autre Gloria (le précédent ouragan à avoir frappé New York en 1985). Nous survivrons», dit-il.

«C'est une vaste blague», renchérit Kyle, un New Yorkais qui lit le journal sur un banc de Battery Park au sud de Manhattan.