Le guide suprême iranien Ali Khamenei a rappelé mardi qu'il était seul maître du dossier nucléaire en rejetant toute «concession aux ennemis» de Téhéran, un message adressé aux candidats à la présidentielle du 14 juin et aux grandes puissances.

L'ayatollah Khamenei a demandé aux candidats de promettre «de ne pas faire passer les intérêts des ennemis avant l'intérêt national», alors que les négociations entre les grandes puissances et l'Iran sont dans l'impasse et que le pays est sous le coup de sévères sanctions économiques.

«Certains croient faussement que nous devons faire des concessions aux ennemis pour réduire leur colère. C'est une erreur», a-t-il lancé, lors d'un discours au mausolée de l'imam Khomeiny pour le 24e anniversaire de la mort du fondateur de la République islamique.

Aucun des candidats de la présidentielle du 14 juin n'a évoqué un possible assouplissement de la position de Téhéran en matière nucléaire. Mais certains, comme le candidat modéré Hassan Rohani, ont évoqué la nécessité d'établir un dialogue direct avec les États-Unis, ennemi historique de la République islamique.

Immédiatement après le discours, Ali Akbar Velayati, un des huit candidats et conseiller du guide pour les Affaires internationales, a affirmé qu'il allait «suivre les directives» du numéro un iranien.

Âgé de 73 ans, Ali Khamenei est le premier personnage du régime et a le dernier mot sur les grandes questions politiques et économiques du pays.

Les négociations nucléaires avec les grandes puissances réunies au sein du groupe 5+1 (Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Allemagne) sont menées par son représentant direct, Saïd Jalili, qui est également candidat.

«Si nous réglons les problèmes économiques qui sont le principal défi imposé, alors ils (les ennemis, NDLR) deviendront impuissants», a-t-il dit.

Les grandes puissances soupçonnent l'Iran de vouloir fabriquer l'arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil, ce que Téhéran a toujours démenti.

Pas de préféré

Les États-Unis et l'Union européenne ont imposé depuis 2012 un embargo pétrolier et bancaire qui a provoqué une grave crise économique, avec une inflation officielle de 31 % et une dévaluation de la monnaie de 70 %.

Washington a encore accru lundi ses sanctions en visant directement la monnaie et le secteur automobile iranien.

Malgré cela, M. Khamenei a demandé aux huit candidats de ne pas «noircir» la situation.

«Les candidats font des critiques et c'est leur droit. Mais ils ne doivent pas noircir le tableau, ils ne doivent pas nier toutes les choses très importantes réalisées sous ce gouvernement (Mahmoud Ahmadinejad) et les gouvernements précédents» du réformateur Mohammad Khatami (1997-2005) et du modéré Akbar Hachemi Rafsandjani (1989-1997), a-t-il dit.

«On ne doit pas nier tout ce qui a été fait sous prétexte que des problèmes économiques et l'inflation existent» et les candidats ne doivent pas «faire des promesses qui ne pourront pas être tenues», a ajouté le Guide.

Il a également affirmé qu'il n'avait pas de préférence parmi les huit candidats. Le processus de sélection a été critiqué à l'étranger après le rejet de la candidature de deux poids lourds, l'ex-président Rafsandjani et Esfandiar Rahim Mashaie, le protégé du président Ahmadinejad, qui ne peut pas se présenter pour un troisième mandat.

«Les médias étrangers vont dès aujourd'hui commencer à dire que j'ai une préférence pour tel ou tel des huit candidats. Je n'ai aucune préférence», a-t-il commenté, appelant les électeurs à voter massivement le 14 juin.

«Chaque vote glissé dans l'urne sera un vote en faveur de la République islamique, un vote de confiance pour le régime», a-t-il déclaré.