L'Iran a envoyé des navires de guerre en Méditerranée pour «montrer la puissance» de la République islamique, alors que les tensions avec Israël sont au plus haut du fait de la crise nucléaire et des récents attentats anti-israéliens en Inde et en Thaïlande.

L'État hébreu a dit qu'il suivrait «de près» cette opération, la deuxième de ce genre depuis la Révolution islamique de 1979, la dernière remontant à février 2011.

Des navires de guerre iraniens sont entrés samedi en Méditerranée après avoir franchi le canal de Suez, a annoncé le commandant en chef de la marine l'amiral Habibollah Sayyari cité par l'agence officielle Irna.

Il n'a pas donné de détails sur le nombre, la nature ou la mission de ces bâtiments, se bornant à indiquer que cette opération visait notamment à «montrer la puissance de la République islamique d'Iran».

Les navires en question pourraient être le destroyer Shahid Qandi et le bâtiment de soutien et de ravitaillement Kharg, dont la presse iranienne a annoncé début février une escale de plusieurs jours dans le port saoudien de Jeddah, sur la mer Rouge.

Lors de la première mission de la marine iranienne en Méditerranée en février 2011, deux navires --le Kharg et la frégate Alvand-- s'étaient rendus en Syrie pour une escale au port de Lattaquié avant de regagner la mer Rouge et l'Iran.

Ce premier passage de navires de guerre iraniens par le canal de Suez depuis 1979 avait provoqué de vives réactions d'Israël, qui l'avait qualifié de «provocation» et avait mis sa marine en état d'alerte.

Les États-Unis avaient lancé de leur côté un avertissement aux navires iraniens, leur demandant de «se conformer aux lois internationales et n'entreprendre aucune action qui pourrait compromettre la sécurité».

«Nous suivrons de près le déplacement de deux navires pour vérifier qu'ils ne s'approchent pas des côtes israéliennes», a affirmé samedi à l'AFP une responsable du ministère israélien des Affaires étrangères, sans faire plus de commentaires.

La nouvelle mission iranienne en Méditerranée intervient alors que les relations entre Israël et l'Iran sont des plus tendues, alimentées par la crise autour du programme nucléaire iranien et les récents attentats anti-israéliens en Inde et en Thaïlande attribués par l'Etat hébreu à Téhéran.

Les puissances occidentales et Israël soupçonnent l'Iran de vouloir fabriquer l'arme atomique sous couvert de programme nucléaire civil, ce que dément catégoriquement l'intéressé.

Israël a multiplié ces dernières semaines les déclarations évoquant de possibles frappes contre les installations nucléaires iraniennes, Téhéran menaçant en retour de frapper l'État hébreu ainsi que les forces de son allié américain dans la région, mais aussi de fermer le détroit d'Ormuz par où transite le tiers du trafic maritime pétrolier mondial.

Pour des raisons aussi bien politiques que militaires, l'Iran a entrepris depuis deux ans de développer la présence en haute mer de sa marine jusqu'alors cantonnée à la défense des côtes iraniennes à l'est du détroit d'Ormuz. Le contrôle du Golfe, à l'est du détroit, est dévolu aux forces navales des Gardiens de la révolution.

La marine, dont les forces de haute mer sont limitées à une demi-douzaine de petites frégates ou destroyers et à trois sous-marins russes de classe «Kilo», a ainsi multiplié les opérations en mer d'Oman et dans le Golfe d'Aden, en particulier pour protéger les navires iraniens contre les pirates somaliens opérant dans cette zone.

Elle y déploie désormais en permanence au moins deux navires qui ont déjà escorté plus de 1.300 bateaux marchands et ont été engagés dans plus d'une centaine d'affrontements armés avec des pirates, selon des indications données en décembre par l'amiral Sayyari.

Elle y a également fait patrouiller pour la première fois l'été dernier l'un de ses sous-marins «Kilo», et l'amiral Sayyari a annoncé son intention d'envoyer des bâtiments dans l'Atlantique à une date et pour une mission qu'il n'a pas précisées.