Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a accusé jeudi la CIA et le Mossad d'être derrière l'assassinat la veille d'un scientifique à Téhéran, en pleine crise entre l'Iran et l'Occident sur le programme nucléaire iranien.

Dans le même temps, le président du parlement iranien, Ali Larijani, a affirmé que l'Iran était «prêt» à reprendre des négociations avec le groupe 5+1 (États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne) «sur son programme nucléaire pacifique».

«Cet assassinat lâche, dont les auteurs n'oseront jamais (...) en accepter la responsabilité, a été commis comme les autres crimes, avec la planification ou le soutien des services de renseignements de la CIA et du Mossad» (services secrets israéliens), a déclaré l'ayatollah Khamenei, dans un message de condoléances à la famille du scientifique.

Des journaux conservateurs iraniens avaient appelé plus tôt à des «représailles» contre Israël.

«La seule solution pour arrêter les vaines actions de l'ennemi est de mener des actes de représailles face au projet d'assassinat des savants iraniens», affirmait en Une le quotidien conservateur iranien Ressalat.

«L'Occident s'est vengé de l'annonce de l'enrichissement à 20% avec l'assassinat d'un savant nucléaire du pays», accusait pour sa part le quotidien conservateur Qods.

Le scientifique nucléaire Mostafa Ahmadi Roshan a été tué mercredi dans l'explosion d'une bombe magnétique placée sur sa voiture. Trois autres scientifiques, dont deux impliqués dans le programme nucléaire, avaient été assassinés dans des actions similaires en Iran depuis janvier 2010.

Le vice-président Mohammad Reza Rahimi avait aussitôt accusé les États-Unis et Israël. Washington a démenti toute implication dans l'assassinat.

L'ambassadeur d'Iran auprès de l'ONU a demandé mercredi au Conseil de sécurité de condamner l'attentat «dans les termes les plus forts». Selon lui, il y a «des preuves évidentes que certains intérêts étrangers sont derrière ces assassinats» destinés «à perturber le pacifique programme nucléaire iranien».

Les Gardiens de la révolution, armée d'élite du régime, ont affirmé pour leur part que «l'assassinat de savants nucléaires par les services de renseignements et les terroristes formés par l'Occident et les sionistes ne pourra pas perturber la défense sacrée (du) nucléaire».

L'attentat de mercredi est venu renforcer les tensions entre l'Iran et les Occidentaux, alors que Téhéran a annoncé le début cette semaine de l'enrichissement d'uranium à 20% dans son nouveau site situé à Fordo (150 km au sud-ouest de Téhéran).

Cette annonce a été condamnée par les Occidentaux qui craignent que le programme nucléaire civil de Téhéran ne cache un volet militaire, malgré les dénégations iraniennes, et veulent renforcer les sanctions contre Téhéran, notamment en visant ses exportations pétrolières.

L'uranium enrichi à moins de 20% est utilisé uniquement à des fins civiles mais si l'enrichissement est poussé à plus de 90%, il peut servir à fabriquer l'arme atomique.

Dans ce contexte, M. Larijani qui se trouvait jeudi en Turquie a indiqué que son pays était prêt à des «négociations sérieuses» avec le groupe 5+1.

Ces négociations peuvent réussir «si elles sont sérieuses», a-t-il dit, ajoutant: «Nos amis turcs ont proposé qu'elles se déroulent en Turquie et nous avons donné notre accord».

L'Iran s'était déclaré ces dernières semaines prêt à reprendre ces négociations après un an d'interruption.

Les États-Unis ont par ailleurs annoncé l'arrivée dans la région d'un deuxième porte-avions américain, l'USS Carl-Vinson, qui doit en principe relever l'USS John-Stennis, alors que les Gardiens de la révolution doivent organiser dans les prochaines semaines des manoeuvres navales autour du détroit d'Ormuz et dans le Golfe.

À la mi-décembre, lors de manoeuvres navales, l'Iran a menacé de fermer ce détroit stratégique pour le trafic maritime pétrolier international avant de revenir sur ses menaces.