L'Iran a tendu la main dimanche aux grandes puissances pour reprendre les discussions autour de son programme nucléaire controversé, au lendemain de l'échec d'une rencontre à Istanbul dont les deux parties se sont rejeté la responsabilité.

Malgré cet échec, «les conditions sont réunies pour parvenir à de bons accords lors de réunions futures si l'autre partie (ndlr: les grandes puissances) fait preuve de justice et de respect» à l'égard de l'Iran, a déclaré le président Mahmoud Ahmadinejad dans un discours prononcé à Rasht (nord-ouest).

«Nous n'avons jamais envisagé que les questions (opposant l'Iran aux grandes puissances) pourraient être résolues en quelques rencontres, à cause de l'état d'esprit» de ces puissances, a-t-il relativisé.

À Istanbul ainsi que lors d'un premier round de discussions début décembre à Genève, «des choses importantes ont été dites, et les deux parties connaissent désormais précisément leurs vues respectives», a expliqué M. Ahmadinejad.

«Si l'autre partie est prête à suivre la voie de la justice, de la légalité et du respect, on peut espérer parvenir aux résultats que tout le monde souhaite», a-t-il ajouté.

L'Iran et les grandes puissances réunies au sein du groupe des 5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU: États-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne, plus l'Allemagne) ne sont pas parvenus à s'entendre sur les moyens de régler leur conflit autour du programme nucléaire iranien, à l'issue de deux jours de discussions vendredi et samedi à Istanbul.

Les deux parties, qui se sont séparées sans même décider d'une nouvelle rencontre, se sont rejeté la responsabilité de cet échec.

«L'Iran a tout bloqué en posant des conditions préalables totalement inacceptables», a affirmé la ministre française Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie, tandis que son homologue britannique William Hague a jugé l'attitude iranienne «extrêmement décevante». Le chef de la diplomatie allemande, Guido Westerwelle, s'est dit lui aussi déçu du résultat des discussions à Istanbul.

Washington a toutefois estimé que «la porte reste ouverte» à une solution diplomatique de la crise.

Les médias iraniens, justifiant l'intransigeance iranienne par le fait que Téhéran ne faisait que défendre ses droits, ont estimé que les Occidentaux n'avaient «pas répondu aux propositions iraniennes» et avaient commis une «grave erreur d'appréciation».

L'Iran a réclamé à Istanbul une levée des sanctions internationales comme préalable à toute discussion sur la question nucléaire, et a refusé par avance d'abandonner l'enrichissement d'uranium dont six résolutions des Nations unies exigent la suspension.

Téhéran veut également élargir les discussions aux questions de sécurité internationale, incluant l'arsenal nucléaire d'Israël, alors que les grandes puissances veulent les centrer sur le seul programme nucléaire iranien.

Les Occidentaux soupçonnent l'Iran de chercher à se doter de l'arme nucléaire, ce que dément fermement Téhéran. Rappelant que ce programme est contrôlé par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'Iran insiste sur le respect par les grandes puissances de ses «droits nucléaires» inscrits dans les traités internationaux.

Le président iranien a à nouveau averti les grandes puissances que la pression «ne parviendra pas à faire reculer (l'Iran) d'un pouce».

«Je dis aux dirigeants des 5+1 que s'ils veulent que les négociations aboutissent, ils doivent se libérer de la pression de gens incultes et bornés», notamment parmi «les sionistes et certains responsables avides de pouvoir en Europe et aux États-Unis qui ne veulent pas d'une solution».