L'Iran a entamé mardi le chargement du combustible dans le réacteur de la centrale de Bouchehr, éludant dans le même temps la question d'une reprise des discussions sur son programme nucléaire controversé proposée par la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton.

«Les discussions continuent à propos de la date, du lieu et du contenu des négociations, et l'autre partie doit faire preuve de plus de flexibilité pour arriver à un accord commun sur ces questions», a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Ramin Mehmanparast lors de son point de presse hebdomadaire.

La déclaration de M. Mehmanparast constitue la première réponse publique officielle du gouvernement iranien à la mise en demeure lancée vendredi par Mme Ashton à Téhéran de répondre «dans les prochains» jours à sa proposition de reprise du dialogue.

Mme Ashton, représentant le groupe des «5+1» interlocuteur de Téhéran sur le dossier nucléaire (les cinq membres permanent du Conseil de sécurité de l'ONU: États-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne, plus l'Allemagne), avait proposé le 14 octobre que la réouverture de discussions entre l'Iran et les grandes puissances, interrompues depuis un an, intervienne du 15 au 18 novembre à Vienne.

Elle avait précisé que, pour les grandes puissances, «la priorité principale de la rencontre serait la question du programme nucléaire iranien, sans exclure toute autre question pertinente pour la discussion».

Par ailleurs, le chargement du combustible nucléaire dans le réacteur de la centrale de Bouchehr a commencé mardi, a indiqué la chaîne de télévision iranienne en arabe al Alam.

La première centrale nucléaire iranienne, construite par la Russie, devrait être connectée au réseau électrique iranien en janvier prochain, selon les dernières estimations officielles, avec deux mois de retard sur la date de début novembre initialement prévue.

Les États-Unis et Israël, invoquant des risques de prolifération nucléaire, ont tenté en vain pendant des années de convaincre la Russie de ne pas achever la construction de cette centrale, d'une puissance de 1000 mégawatts. Elle va demeurer plusieurs années sous le contrôle conjoint de techniciens russes et iraniens.

L'éventuelle relance des discussions sur le programme nucléaire iranien, trois mois après l'adoption de nouvelles sanctions internationales sévères contre Téhéran, s'est dessinée en marge de la dernière Assemblée générale de l'ONU en septembre à New-York.

La proposition de Mme Ashton a été initialement bien accueillie par Téhéran, qui avait accusé peu auparavant la haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères de ne pas être suffisamment «active» sur ce dossier.

L'Iran a toutefois rappelé qu'il entendait élargir l'ordre du jour des discussions, notamment pour évoquer le rôle de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) qui supervise le programme nucléaire iranien et que Téhéran accuse d'avoir une attitude politiquement biaisée à son égard.

Le président Mahmoud Ahmadinejad a également rappelé la semaine dernière que Téhéran, accusé de chercher à se doter de l'arme nucléaire malgré ses démentis répétés, entendait soulever la question d'Israël, ennemi juré de la République islamique, qui possède l'arme nucléaire et n'a pas signé, contrairement à l'Iran, le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP).

Il a précisé que la réponse des Occidentaux aux questions iraniennes, résumées dans une lettre envoyée le 6 juillet aux 5+1 par le négociateur nucléaire iranien Saïd Jalili, ne constituait pas un préalable mais qu'elle serait «déterminante» pour l'avenir des discussions.

Selon plusieurs responsables politiques conservateurs cette lettre est restée sans réponse.