BP va, selon la presse, sacrifier son patron Tony Hayward, très critiqué aux États-Unis pour sa gestion de la marée noire dans le golfe du Mexique, pour tenter de retrouver son lustre, au moment où le groupe prépare une opération cruciale pour condamner le puits de pétrole.

La BBC rapportait dimanche que le directeur général de BP devrait annoncer son départ dans les 24 heures. «Tony Hayward négocie les conditions de son départ», affirme l'organisme public, citant une source au sein du géant pétrolier britannique.

Interrogé par l'AFP, un porte-parole du groupe a refusé de «commenter des spéculations», avant d'ajouter: «Tony Hayward est notre directeur général. Il a le soutien total du conseil d'administration et de la direction».

Tony Hayward, 52 ans, a été étrillé aux États-Unis pour sa gestion de la marée noire dans le golfe du Mexique, la pire catastrophe écologique qu'aient connue les États-Unis, provoquée par l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon le 22 avril.

«Il est préférable pour la compagnie de continuer avec une nouvelle direction», a indiqué une source proche du CA de BP au New York Times.

Les informations sur son départ interviennent alors que sur place, les équipes de BP ont repris leur travail après une interruption provoquée par le passage de la dépression tropicale Bonnie, entre vendredi et samedi.

L'objectif est désormais de monter une opération cruciale destinée à condamner le puits de pétrole responsable de la marée noire. Initialement prévue en milieu de semaine prochaine, elle aura finalement lieu début août.

«La semaine prochaine sera consacrée à des préparatifs, pour s'assurer que tout est en place (...) puis nous essayerons ensuite de (lancer l'opération) la semaine du 1er août», a déclaré dimanche l'amiral Thad Allen, qui supervise la lutte contre la marée noire pour le compte de l'administration américaine.

L'amiral Allen a expliqué que le report n'était pas dû à un quelconque incident majeur mais à un réajustement du calendrier fourni par BP.

Cette manoeuvre complexe à 1 500 mètres de profondeur, sur laquelle planchent depuis plusieurs jours les ingénieurs de BP, consiste à injecter un mélange d'eau et de matières solides par la tête du puits avant de le sceller avec du ciment. Baptisée «Static kill», cette opération ressemble fort à celle tentée, sans succès, fin mai.

Outre «Static kill», BP a un autre atout dans son jeu: «Bottom kill», une opération impliquant cette fois deux puits de dérivation en train d'être forés et qui viendrait parachever le travail.

Le but est de mettre fin une bonne fois pour toutes à la marée noire qui souille depuis trois mois les eaux du Golfe et empoisonne la vie de ses habitants.

D'ici là, le puits, qui déversait quotidiennement depuis fin avril des millions de litres de brut dans l'océan, est maintenu fermé grâce à un entonnoir, mais cette solution reste provisoire.

BP, qui a déjà dépensé près de 4 milliards de dollars pour couvrir les frais liés à la marée noire, s'apprête à annoncer mardi des résultats semestriels très attendus.

Selon le Sunday Times, M. Hayward est résolu à démissionner avant cette annonce.

Le Sunday Telegraph précise quant à lui que le conseil d'administration de BP, qui se réunira lundi, examinera la possibilité de réduire la prime de départ de M. Hayward, afin d'éviter toute controverse.

D'après les médias britanniques, il devrait être remplacé par l'Américain Bob Dudley qui avait déjà pris en juin la direction effective des opérations du groupe contre la marée noire, pilotées jusque-là par Tony Hayward.

Robert (ou «Bob») Dudley est membre du conseil d'administration de BP, en charge des activités aux Amériques et en Asie.