Une fuite détectée sur un conduit a obligé jeudi BP à reporter un test crucial de son nouvel entonnoir, un revers de plus pour la compagnie pétrolière dans ses efforts pour endiguer la marée noire qui se déverse depuis trois mois dans le golfe du Mexique.

Cette fuite a été détectée au cours des préparatifs précédant le lancement d'un test que BP prévoyait d'effectuer dans l'espoir de colmater la marée noire grâce à un entonnoir géant. La fuite «a été isolée et elle sera réparée avant d'entamer le test», a indiqué la compagnie britannique dans un communiqué.

Baptisé «Top Hat 10», le nouvel entonnoir posé lundi soir devrait permettre de récupérer l'intégralité du pétrole qui s'échappe du puits ou, selon un autre scénario, de stopper définitivement la marée noire.

Avant de mettre en service ce nouvel entonnoir, les ingénieurs de BP doivent effectuer un test qui consiste à fermer progressivement les valves de l'entonnoir et mesurer la pression qui s'en échappe.

L'opération sert à vérifier si le puits peut être scellé sans risque de nouvelles fuites ailleurs dans le coffrage de l'installation, qui descend à 4 km de profondeur sous terre.

BP avait annoncé mercredi son intention de procéder «bientôt» au test de son nouvel entonnoir, après avoir obtenu le feu vert des autorités.

Cet entonnoir remplace un précédent modèle, retiré samedi, qui ne captait qu'environ 25 000 barils de pétrole par jour, sur les 35 000 à 60 000 qui grossissent quotidiennement la marée noire.

«Nous allons autoriser BP à procéder au test» qui vise à vérifier la solidité du puits, avait déclaré mercredi l'amiral Thad Allen, qui supervise les efforts américains contre la marée noire.

«Ce test doit durer un maximum de 48 heures et nous pourrons alors faire un point, voir où nous en sommes et décider de l'étape suivante», a-t-il ajouté.

«Ce qui nous préoccupe c'est de savoir si le test risque d'endommager le coffrage» du puits, avait déclaré mercredi le directeur d'exploitation de BP, Doug Suttles, avant de recevoir le feu vert des autorités.

«Si les tests montrent qu'on peut condamner le puits, alors, évidemment, le puits sera fermé et il n'y aura plus de pétrole qui s'échappera», avait assuré mardi Kent Wells, vice-président de BP.

Le groupe britannique a observé que le nouveau dispositif n'avait encore jamais été déployé «à cette profondeur et dans ces conditions».

Si le puits ne parvenait pas être colmaté définitivement à l'aide de l'entonnoir, le géant pétrolier compte voir entrer en oeuvre début août le premier des deux puits de secours censés stopper définitivement la fuite.

Toutefois, en attendant la réalisation du test sur le nouvel entonnoir, le forage du premier puits a été interrompu «par mesure de précaution», selon BP. Celui-ci ne se trouve en effet plus qu'à 1,2 mètre du conduit d'où s'échappe librement le pétrole depuis samedi, a indiqué mercredi M. Wells.

Mardi, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a estimé que le naufrage le 22 avril de la plateforme Deepwater Horizon avait provoqué le déversement de 2,3 à 4,5 millions de barils de pétrole dans le golfe du Mexique.

À titre de comparaison, lors du naufrage de l'Exxon Valdez en Alaska en 1989, entre 58 et 112 fois moins de pétrole s'était déversé dans la mer.