Les autorités américaines ont donné trois jours à BP pour faire toute la lumière sur ses projets de colmatage de la fuite de pétrole qui souille depuis sept semaines le golfe du Mexique et lui ont demandé, en attendant, de récupérer plus de pétrole.

«BP doit faire état de ses plans concernant ses initiatives parallèles, continues et alternatives de récupération du pétrole, et notamment mettre en place un échéancier dans les 72 heures après la réception de ce courrier», écrit le contre-amiral des garde-côtes, James Watson, dans une lettre adressée mardi au directeur d'exploitation de BP, Doug Suttles.

Dans un autre courrier adressé au patron de BP, Tony Hayward, le commandant des garde-côtes, l'amiral Thad Allen, demande «plus de détails et de transparence» pour «nous assurer que vous respectiez votre engagement de nettoyer les côtes du golfe».

L'amiral Allen demande notamment des précisions sur les demandes d'indemnisations reçues jusqu'à présent par le géant pétrolier.

Il a aussi dit mercredi espérer pouvoir doubler les volumes de pétrole récupérés sur la fuite du puits de BP.

L'entonnoir mis en place à la fin de la semaine dernière est relié à un pétrolier qui mouille en surface et récupère le brut. Mais faute d'étanchéité de l'entonnoir, une quantité indéterminée de pétrole continue à s'échapper dans la mer.

Un appareil supplémentaire qui sera fixé en fin de semaine prochaine sur l'entonnoir devrait permettre de récupérer jusqu'à 28 000 barils de pétrole par jour, soit 4,45 millions de litres, contre 15 000 barils actuellement, a dit M. Allen.

Il a espéré que BP parviendra à dépasser le seuil des 28 000 barils dès la semaine suivante, afin de ramener «pratiquement à zéro» la déperdition.

Ces demandes sont intervenues alors que des responsables de BP et du gouvernement américain devaient se rencontrer dans la journée. Le président Barack Obama a quant à lui prévu de se rendre lundi et mardi sur les rives du golfe, ce qui constituera sa quatrième visite sur place depuis le naufrage de la plateforme Deepwater Horizon le 22 avril, à 80 km des côtes.

Le secrétaire aux Affaires intérieures, Ken Salazar, a assuré que les forages dans le golfe allaient se poursuivre, mais de «façon plus sûre».

A cet égard, la sous-commission de l'Energie et de l'Environnement de la Chambre des représentants américaine a indiqué mercredi avoir invité les patrons de grandes compagnies pétrolières mondiales à venir témoigner au Congrès le 15 juin au sujet de la marée noire.

Un sondage de l'Université Quinnipiac publié mercredi indique que 51% de la population de Floride s'oppose aux forages en mer, contre 66% qui les approuvaient avant la marée noire, la pire de l'histoire américaine.

Les personnes interrogées dans la région par la Fed, la banque centrale américaine, ont quand à elles «indiqué que les effets potentiels (de la catastrophe) sur l'industrie touristique sur les côtes de la Louisiane, du Mississippi, de l'Alabama et de l'ouest de la Floride pourraient être considérables».

BP a minimisé mercredi les déclarations des autorités américaines selon lesquelles des nuages de brut sont présents sous la surface de l'eau. «Nous n'avons trouvé aucune concentration significative de pétrole sous la surface», a assuré Doug Suttles. L'Agence américaine des océans et de l'atmosphère (NOAA) avait indiqué mardi que la pollution était présente jusqu'à environ 1000 m de profondeur.

De son côté, l'acteur Kevin Costner a défendu mercredi devant le Congrès l'efficacité d'une machine séparant l'eau du pétrole dans laquelle il a investi plus de 20 millions de dollars.