Hillary Clinton a présenté samedi aux Américains l'homme appelé à devenir son vice-président en cas de victoire à l'élection présidentielle de novembre, Tim Kaine, alors que la révélation de messages internes du parti démocrate a rouvert les plaies des primaires.

Pour l'accompagner à la Maison-Blanche, Hillary Clinton n'a pas choisi de ténor de l'extrême-gauche. Ni la sénatrice anti-Wall Street Elizabeth Warren, ni son ex-rival des primaires, le sénateur Bernie Sanders.

Timothy Michael Kaine, 58 ans, est relativement inconnu des Américains. Mais il compense son manque de notoriété par un critère fondamental pour Hillary Clinton: l'expérience politique. C'est ce qui manque à Donald Trump, raison pour laquelle le candidat républicain s'est associé au conservateur Mike Pence.

Tim Kaine a été maire de Richmond (1998-2001), gouverneur de Virginie (2006-2010), président du parti démocrate (2009-2011) et il est sénateur depuis 2013. Comme Hillary Clinton l'a rappelé avec admiration, il n'a jamais perdu d'élection.

«Je dois dire que le sénateur Tim Kaine est tout ce que Donald Trump et Mike Pence ne sont pas», a-t-elle déclaré à Miami lors de son premier meeting commun avec son colistier depuis qu'elle l'a nommé, vendredi.

«Il a les compétences pour occuper cette fonction dès le premier jour», a assuré Hillary Clinton.

En espagnol

Très décontracté et naturel sur scène, faisant rire Hillary Clinton qui avait pris un siège derrière lui, Tim Kaine a parsemé son discours de phrases en espagnol, une langue qu'il parle couramment et un atout qui pourrait servir au «ticket démocrate» pour gagner le vote latino, alors que Donald Trump s'est attiré les foudres des électeurs hispaniques avec son discours anti-immigrés.

Comme la plupart d'entre eux, il est catholique. Il a passé du temps au Honduras, un séjour qui a changé sa vie, a-t-il dit.

«Hillary Clinton est l'opposée exacte de Donald Trump», a lancé Tim Kaine, dont le rôle sera aussi de défendre la démocrate durant les trois prochains mois et demi de campagne. «Hillary Clinton n'insulte pas les gens, elle les écoute. Quel concept original, n'est-ce pas ?»

«L'Amérique ne s'est pas construite sur la peur!» a-t-il aussi lancé.

Le sénateur de Virginie a vanté son propre parcours d'avocat diplômé d'Harvard, notamment pour défendre des personnes issues de minorités contre des banques ou des propriétaires de logements.

Il était également gouverneur au moment de la fusillade de l'université Virginia Tech en 2007, lors de laquelle 32 personnes furent abattues par un étudiant.

«C'était le pire jour de ma vie», a-t-il confié.

Une fuite gênante

«Je suis fan d'elle depuis les années 1990», confie Valeria Ebos, 58 ans, venue écouter le «ticket démocrate» avec 5000 personnes sur le campus de l'université internationale de Floride. «Pas parce qu'elle est une femme, mais parce qu'elle est compétente, elle est expérimentée, c'est cela qui compte».

Le parti démocrate est plus homogène que le parti républicain et Tim Kaine a reçu les félicitations de grandes organisations progressistes, comme le bras politique du planning familial ou encore l'ONG écologiste Sierra Club.

Mais Tim Kaine a malgré tout déçu certains au sein de l'aile progressiste. Son soutien au forage pétrolier en mer lui vaut des critiques.

Il est aussi plutôt favorable à l'accord de libre-échange avec 11 pays d'Asie-Pacifique signé par Barack Obama, et auquel s'oppose Hillary Clinton - une rare pomme de discorde que Donald Trump s'est empressé de souligner.

«Tim Kaine a salué le partenariat transpacifique et s'est démené pour qu'il soit approuvé. Destructeur d'emplois!» a écrit le républicain sur Twitter.

Cette présentation intervenait deux jours avant l'ouverture de la convention d'investiture démocrate à Philadelphie, qui verra l'intronisation officielle d'Hillary Clinton.

Mais la famille démocrate était secouée par la publication par le site Wikileaks d'environ 20 000 messages internes au parti révélant un possible biais de ses responsables en faveur d'Hillary Clinton au cours des primaires. Une partialité supposée que Bernie Sanders avait dénoncé.

Dans l'un des messages, le directeur financier du parti, Brad Marshall, sous-entend que Bernie Sanders - jamais nommément cité -, qui est juif, serait athée et que cela pourrait être utilisé contre lui parmi les électeurs croyants.

Mais Bernie Sanders se gardait pour l'instant de tout commentaire sur cette affaire. Il s'exprimera mardi à la tribune de la convention démocrate.