Le candidat républicain à la présidentielle américaine Donald Trump s'est défendu mardi d'être raciste, en réponse aux accusations de l'un des chefs de file du parti, Paul Ryan, nouvelle illustration de ses difficultés à rassembler au sein de son propre camp.

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Depuis près de deux semaines, l'homme d'affaires s'en prend régulièrement au juge fédéral Gonzalo Curiel, saisi du dossier de l'ex-«université Trump», un programme de formation qui vaut au milliardaire d'être poursuivi pour tromperie.

Dans une entrevue jeudi dernier, l'homme d'affaires avait expliqué que le juge, né aux États-Unis de parents mexicains, avait un «conflit (d'intérêts) absolu» parce qu'il était «d'origine mexicaine» et membre d'une association de juristes hispaniques.

«Prétendre qu'une personne ne peut pas faire son travail en raison de son origine ethnique relève du cas d'école d'un commentaire raciste. Je pense que cela doit absolument être désavoué», a réagi mardi Paul Ryan, l'un des plus hauts responsables républicains et président de la Chambre des représentants, lors d'une conférence de presse.

Bien que critique, Paul Ryan soutient toujours officiellement sa candidature pour le scrutin du 8 novembre.

Mardi, Donald Trump a répondu et estimé que ses commentaires avaient été «interprétés à tort comme une attaque explicite contre les personnes d'origine mexicaine».

«Je suis ami et employeur de milliers de personnes d'origine mexicaine et hispanique», a-t-il affirmé, dans un communiqué.

Mettant en avant ce qu'il considère comme des décisions «injustes» et «erronées» rendues par Gonzalo Curiel dans le dossier de l'«université Trump» et ses liens avec «certaines organisations professionnelles», il a, de nouveau, estimé «juste» de s'interroger sur «l'impartialité» du magistrat.

Gonzalo Curiel fait partie, selon plusieurs médias, d'une association d'avocats et de magistrats d'origine hispanique, La Raza Lawyers of San Diego, qui se veut indépendante et apolitique.

En clôture de son communiqué, Donald Trump a annoncé qu'il n'évoquerait plus ce dossier, qui doit être examiné lors d'un procès qui démarrera le 28 novembre.

Loin de ramener le calme dans le camp républicain, cette mise au point a suscité de nouvelles réactions outrées.

«Donald Trump devrait retirer ses commentaires, pas les défendre», a tweeté l'ancien candidat républicain Jeb Bush, pour qui «il n'y a pas de place pour le racisme au sein du parti républicain ou dans ce pays».

Officiellement seul en lice pour l'investiture républicaine depuis plus d'un mois, le promoteur new-yorkais fait face, depuis plusieurs jours, à un feu roulant de critiques et de réactions hostiles issues de son propre parti.

Mardi, le sénateur républicain de l'Illinois Mark Kirk, qui avait été l'un des premiers à apporter son soutien public à Donald Trump, s'est rétracté.

«Compte tenu de mon passé militaire, Donald Trump n'a pas le tempérament pour assurer le commandement de notre armée et de notre arsenal nucléaire», a tweeté celui qui fut officier de réserve dans la marine.

À une moindre échelle, un sénateur de l'État d'Iowa, David Johnson, a déclaré mardi au quotidien «Des Moines Register» qu'il quittait le parti républicain en réaction aux propos du candidat.

«Je ne resterai pas silencieux si le parti de (Abraham) Lincoln et de la fin de l'esclavage se couche devant les préjugés raciaux d'un sectaire», a commenté l'élu.

PHOTO REUTERS

Paul Ryan a livré une conférence de presse mardi dans un quartier à prédominance afro-américaine.