Après trois mois de scrutins, seuls quelques États séparent le milliardaire Donald Trump d'une victoire totale aux primaires républicaines pour la Maison-Blanche, en particulier deux: l'Indiana et la Californie.

«Si je gagne l'Indiana, c'est fini», a lancé Donald Trump jeudi lors d'un rassemblement dans cet État qui votera mardi, et où son adversaire Ted Cruz jette ses dernières forces.

L'affirmation n'est pas si exagérée.

Pour atteindre les 1237 délégués requis pour l'investiture, le milliardaire a besoin de faire le plein des voix. Il ne pourra pas mathématiquement y parvenir avant les grandes primaires du 7 juin, mais les délégués de l'Indiana lui permettraient de faire un pas de géant.

Il reste en tout dix États. L'homme d'affaires en perdra certains et en remportera d'autres, en fonction des particularités démographiques et régionales. Mais l'Indiana et la Californie sont les plus grands et les plus incertains.

L'Indiana attribuera la totalité de ses 57 délégués - un contingent substantiel - au vainqueur. C'est la dernière chance pour Ted Cruz d'arrêter Donald Trump. Le sénateur du Texas a tout misé sur cette primaire, rompant avec la tradition en nommant d'ores et déjà une colistière, l'ex-candidate Carly Fiorina, afin de donner une impulsion à sa campagne chancelante.

Ted Cruz a aussi reçu vendredi le soutien du gouverneur républicain de l'Indiana, Mike Pence, et ne cesse d'associer Donald Trump à Hillary Clinton. «Les deux se sont enrichis en faisant du trafic d'influence à Washington», a dit Ted Cruz à la radio.

La Californie, plus grand prix de la saison, votera le 7 juin et attribuera la quasi-totalité de ses 172 délégués au vainqueur, grâce à un système de prime. Les quelques sondages réalisés sur place donnent l'avantage à Donald Trump.

Avec environ 991 délégués actuellement, il doit engranger environ la moitié des 502 délégués restant à attribuer.

Les simulations du New York Times montrent qu'en gagnant l'Indiana et la Californie, il y arriverait. Sans l'Indiana, quelques délégués pourraient lui manquer.

La campagne de Cruz patine

Le vote de mardi permettra de vérifier si la dynamique des dernières semaines est temporaire ou si l'électorat républicain a définitivement accepté Donald Trump.

Sans rien changer de son style incendiaire, il a remporté plus de 50 %, voire 60 %, des voix aux six dernières primaires. Dans les sondages, il monte.

La campagne de Ted Cruz, elle, patine. Son alliance avec John Kasich, un républicain traditionnel, a fait long feu. L'appareil républicain est loin de le soutenir: l'ancien président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, l'a même qualifié de «Lucifer incarné».

«Donald Trump peut probablement arriver à 1237, mais ce n'est pas sûr», dit Christine Barbour, professeure à l'Université de l'Indiana. «On ne pourra pas savoir avant la Californie».

Jeb Bush, qui a abandonné les primaires en février, est sorti de son silence pour exhorter les républicains à ne pas se résigner à la victoire de Donald Trump. «Ce n'est pas quelqu'un de sérieux», a-t-il dit sur CNN, en refusant de dire s'il voterait pour le milliardaire en novembre.

Mais de nombreux observateurs pensent que l'affaire est quasiment dans le sac.

«Je prédis qu'il y arrivera. Sinon, il sera de toute façon très proche et ce sera très difficile de lui ravir l'investiture sans provoquer un immense tollé», indique à l'AFP James Morone, politologue à l'université Brown.

En effet, si Donald Trump n'atteint pas la majorité absolue, l'investiture dépendra d'un vote des délégués à la convention de Cleveland du 18 au 21 juillet.

C'est là qu'entreraient en scène plusieurs dizaines de délégués «non-engagés», libres de voter pour le candidat de leur choix.

Calvin Tucker est l'un d'entre eux. Depuis son élection mardi par les électeurs de Pennsylvanie, il est harcelé de coups de fil et de courriels des partisans et des équipes des trois candidats qui veulent le convaincre de s'engager pour eux.

Il prendra sa décision plus tard. Mais il explique que s'il ne manque que quelques délégués à Donald Trump, il est prêt à voter pour lui, afin d'éviter une guerre civile.

«S'il est à 1236, et que tout dépend de ma voix, oui, je voterai pour lui», dit Calvin à l'AFP.