Donald Trump faisait campagne lundi à un rythme d'enfer pour éviter une défaite mardi à la primaire républicaine du Wisconsin contre le sénateur Ted Cruz, mais le milliardaire continuait de dominer les sondages pour les importants scrutins de la fin du mois.

Aucun vote républicain n'a eu lieu depuis deux semaines, et seul le Wisconsin, État des Grands Lacs à la frontière canadienne, votera mardi, un isolement qui donnera aux résultats un grand retentissement médiatique, bien que l'État n'accorde que 1,7 % des délégués pour l'investiture.

Mais il est peu probable qu'une victoire de Ted Cruz dans le Midwest rebatte les cartes à New York et dans les États du Nord-Est qui voteront fin avril, et où Donald Trump semble aujourd'hui hégémonique.

«Les primaires ne sont pas forcément connectées entre elles», avertit le politologue vétéran Larry Sabato, à l'Université de Virginie. «Je pratique tout ça depuis les années 1960, on croit toujours que chaque primaire est la plus importante qu'on ait jamais vue... jusqu'à la primaire d'après!»

«En plus, croyez-vous vraiment que la course va rester stable pendant deux semaines jusqu'à la primaire de New York? Bien sûr que non», dit-il à l'AFP.

Le sénateur ultraconservateur du Texas Ted Cruz devance Donald Trump dans le Wisconsin avec 40 % des intentions de vote contre 35 %, selon la moyenne des récents sondages. John Kasich, gouverneur de l'Ohio, est à 18 %, apparent bénéficiaire des retraits des autres candidats préférés de l'establishment républicain, dont Marco Rubio.

Dans un retournement désespéré, les caciques républicains soutiennent pour l'occasion Ted Cruz, le héros du Tea Party qui a construit toute sa campagne sur le rejet des élites et la pureté idéologique. Le gouverneur local, Scott Walker, fait campagne pour Ted Cruz, un appui décisif pour mobiliser la base républicaine des banlieues blanches de Milwaukee.

«Nous enchaînons les victoires», a-t-il dit lundi lors d'un point presse, sûr d'avoir le vent en poupe.

Il a en fait remporté huit consultations et 466 délégués, contre 20 États et 739 délégués gagnés par Donald Trump. Pour empocher l'investiture, il leur faudra atteindre 1237 délégués. Selon Larry Sabato, c'est mathématiquement impossible pour Ted Cruz, car cela impliquerait qu'il rafle de nombreux États.

Bataille de délégués

Pour un homme habitué à la mauvaise presse, la dernière semaine a été particulièrement éprouvante pour Donald Trump, qui a même dit regretter d'avoir retweeté une photo peu flatteuse d'Heidi Cruz, l'épouse de son rival.

«Personnellement, c'est un moment très difficile», a dit au Washington Post Barry Bennett, conseiller du milliardaire.

Mais Donald Trump peut se rassurer en contemplant sa cote à New York, qui votera le 19 avril. L'homme d'affaires y recueille plus de 50 % des intentions de vote, ce qui lui garantirait une pluie de délégués. Même popularité en Pennsylvanie (26 avril), où il frôle les 50 % dans un sondage CBS.

Une fois ces épreuves passées, ce sera la dernière ligne droite en mai jusqu'aux grandes primaires du 7 juin, avec la Californie en grand prix.

L'enjeu du Wisconsin est de légitimer le maintien en course de Ted Cruz.

«Pour Cruz, une victoire serait importante, mais pour Trump, une défaite ne serait pas critique», dit à l'AFP Timothy Hagle, professeur de sciences politiques dans l'Iowa voisin.

«La seule chose qui compte, c'est de savoir si Trump arrivera à 1237 délégués», répète Larry Sabato. «S'il y arrive, il gagne. Sinon, il y aura plusieurs tours de scrutin à la convention, et tout peut arriver».

Les délégués de la convention nationale de Cleveland, en juillet, seront en effet libres de voter selon leur conscience lors d'un éventuel deuxième ou troisième tour de scrutin, si Donald Trump n'arrivait pas à empocher d'emblée la majorité absolue des délégués.

Les équipes des candidats s'activent donc au niveau des États pour que leurs partisans soient sélectionnés individuellement comme délégués pour Cleveland. À ce jeu, Ted Cruz est le mieux organisé, comme la convention du Dakota du Nord l'a démontré dimanche: 18 des 25 délégués sélectionnés penchent pour lui.

«Si on s'en tire bien ici, les amis, c'est fini», a déclaré lundi Donald Trump à ses partisans lors d'un rassemblement à La Crosse, confiant que la convention de Cleveland ne sera pas disputée: «Je pense qu'on arrivera à 1237».