Le républicain John Kasich, qui a remporté mardi les primaires de son parti dans l'Ohio, État dont il est gouverneur, aime se présenter comme un candidat responsable face à des adversaires qui rivalisent d'insultes dignes d'une cour d'école.

À 63 ans, il affirme aborder les vrais problèmes sans chercher à alimenter des débats sulfureux pour monopoliser les temps d'antennes, à l'instar selon lui de l'homme d'affaires Donald Trump ou des sénateurs Marco Rubio et Ted Cruz.

Cette victoire dans l'Ohio était cruciale pour qu'il puisse rester dans la course à la Maison Blanche.

«Il s'agit de l'Amérique, il s'agit de nous unir et pas de nous déchirer», s'est-il réjoui après les résultats, remerciant ses partisans à Cleveland, dans l'Ohio, en dépit d'un manifestant qui a brièvement perturbé son arrivée sur scène en criant «Trump, Trump».

Fort de sa victoire, il a prédit qu'aucun des candidats républicains n'obtiendrait la majorité des délégués avant la convention du parti, nécessaires pour obtenir l'investiture.

«Aucun candidat ne remportera les 1237 délégués» requis pour être nommé candidat à la Maison Blanche, a-t-il dit dans un communiqué, faisant visiblement le pari d'une convention houleuse dans son État de l'Ohio en juillet lors de laquelle il se poserait en rassembleur.

Au début du mois lors d'un débat à Detroit, dans le Michigan , il avait affirmé: «Pendant cette campagne, j'ai abordé les vrais problèmes, je n'ai jamais essayé d'aller ou de participer à ces mêlées qu'on voit maintenant sur les podiums».

«Et tout le monde me dit "vous semblez être un adulte sur les podiums"», avait-il ajouté.

Il s'agit de sa toute première victoire dans les primaires.

M. Kasich avait créé la surprise en arrivant deuxième derrière Donald Trump dans le New Hampshire le 9 février, après avoir sillonné l'État depuis mars 2015, quatre mois avant de déclarer sa candidature à la présidence.

Affable et à l'aise sur le terrain, le gouverneur a choisi une campagne positive, face aux bordées d'insultes qui font le quotidien de certains de ses concurrents républicains.

«Vous cherchez un conservateur comme Reagan? Vous en avez trouvé un», a affirmé sa campagne sur Twitter, montrant une photo de John Kasich serrant la main de l'ancien président républicain.

«Pas modéré» 

C'est à lui que le quotidien New York Times avait apporté son soutien le 30 janvier, parmi les candidats républicains, affirmant que John Kasich était «le seul choix plausible pour des républicains fatigués de l'extrémisme et de l'inexpérience qui s'affichent dans cette élection».

Pour autant, Kasich n'est «pas modéré» avait souligné le quotidien, qui citait ses positions anti-syndicales, son opposition à l'avortement ou au mariage homosexuel, montrant par défaut combien le parti républicain s'est déporté sur sa droite.

Ce père de jumelles adolescentes aime à se présenter comme un «mari, père, ami, croyant».

Originaire de Pennsylvanie où son père était facteur, il a une longue expérience politique: gouverneur élu en 2010, réélu en 2014, il était auparavant membre de la Chambre des Représentants (1983-2001) et élu du Sénat de l'Ohio (1979-1983).

Il incarne donc l'establishment, l'homme politique traditionnel, ce qui n'est pas un avantage dans la course 2016, où nombre d'électeurs expriment leur mécontentement face au système politique.

John Kasich avait déjà envisagé une candidature à la présidence en 2000, avant de renoncer et de partir travailler comme banquier d'affaires et commentateur pour la chaîne Fox News.

Il était pour la première guerre du Golfe en 1990-91, et pour l'invasion de l'Afghanistan en 2001. Mais il avait voté aussi avec les démocrates pour l'interdiction des armes d'assaut en 1994, sous la première présidence Clinton, s'attirant les foudres de la NRA, le lobby des armes.

Il avait aussi proposé dans les années 1990, en tant que membre de la commission budgétaire de la Chambre, sa propre version d'une couverture maladie universelle.

«La politique est devenue méchante et désespérée, mais cela n'a pas à être comme cela», déclarait-il récemment, rappelant au passage son bilan de gouverneur ayant «réduit les impôts, équilibré le budget, créé des emplois et rejeté Obamacare», l'assurance santé mise en place par le président Obama.