Février 2013. L'hebdomadaire Time publie sur sa couverture une photo de Marco Rubio accompagnée d'un titre pour le moins flatteur : «Le sauveur républicain».

Trois ans et quelques semaines plus tard, le «sauveur» est au bord de l'humiliation. Au lendemain d'une autre débâcle électorale - il n'a pas fait mieux qu'une troisième place dans les scrutins tenus mardi dans quatre États - , son équipe de campagne a dû nier pour la deuxième fois de la semaine une rumeur selon laquelle il abandonnerait la course avant même la primaire de la Floride, son État natal, le 15 mars.

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«C'est 100 % faux», a écrit sur Twitter le porte-parole du jeune sénateur, Alex Conant, après la diffusion d'un topo de CBS sur le sujet. «Marco est le seul candidat qui peut battre Trump en Floride, et nous sommes déterminés à le faire.»

Une chose est certaine : si «l'Obama républicain», comme certains l'ont surnommé, ne parvient pas à battre Donald Trump en Floride, il confirmera l'échec monumental de sa campagne présidentielle.

John Kasich fera face à un test semblable le 15 mars en Ohio, l'État du Midwest dont il est gouverneur. Il a déjà laissé entendre qu'il se retirera de la course s'il perd cette primaire.

Or, les choses s'annoncent mal et pour l'un et pour l'autre. Hier matin, un sondage CNN/ORC donnait à Trump une avance de 16 points sur Rubio en Floride et de six points sur Kasich en Ohio. Ces deux États populeux tiendront des primaires le même jour que l'Illinois, le Missouri et la Caroline-du-Nord. Ils accorderont à leur vainqueur républicain tous leurs délégués.

Ces scrutins n'auront pas seulement une influence sur l'avenir des campagnes de Rubio et Kasich. Ils mettront également à l'épreuve l'efficacité de la fronde anti-Trump. Une fronde qui se manifeste ces jours-ci par un blitz publicitaire financé par des bailleurs de fonds républicains et ciblant le candidat populiste dans au moins trois des États qui voteront le 15 mars.

De toute évidence, cette fronde n'a pas eu l'effet escompté lors des scrutins de mardi. Donald Trump a remporté de façon décisive les scrutins tenus au Michigan, au Mississippi et à Hawaii, concédant à Ted Cruz, son plus proche rival, un seul État, l'Idaho. S'il remporte la victoire en Floride et en Ohio, il sera sur la bonne voie pour remporter les 1237 délégués nécessaires pour devenir le candidat présidentiel du Parti républicain.

Après les scrutins de mardi, Trump peut désormais compter sur 458 délégués, contre 359 pour Cruz. Celui-ci a encore des chances mathématiques de coiffer le meneur au fil d'arrivée. Mais il semble s'être résigné à l'idée qu'il ne pourra pas faire mieux que d'empêcher Trump d'accumuler la majorité des délégués mis en jeu durant la saison des primaires et caucus. Un tel scénario ouvrirait la voie à une convention contestée à Cleveland, en juillet.

«Écoutez, Reagan et Ford ont croisé le fer lors d'une convention contestée», a-t-il dit hier matin sur Fox News en faisant allusion à la course à l'investiture républicaine de 1976. «C'est la raison d'être des conventions.»

Cruz n'est évidemment pas le «sauveur» dont rêvaient les membres de l'élite républicaine. Mais certains d'entre eux sont désormais résignés à l'appuyer, comme l'a fait hier l'ex-candidate Carly Fiorina en se disant «horrifiée» à l'idée d'un triomphe de l'ancienne vedette de la téléréalité.

Les messages du Michigan

S'il avait su, Bernie Sanders aurait attendu la fin du dépouillement des votes au Michigan avant de s'adresser à ses partisans, mardi soir. Mais, comme tout le monde, il s'attendait à une victoire d'Hillary Clinton, qui menait par 21 points dans cet État selon la moyenne des sondages compilés par le site Real Clear Politics.

Sa victoire courte mais spectaculaire contient plusieurs messages. En voici quelques-uns : l'équipe de Sanders a justifié son maintien dans la course ; la dénonciation des accords de libre-échange «désastreux» pourrait aider le sénateur du Vermont dans d'autres États industriels, dont l'Ohio, l'Illinois et le Missouri, qui voteront le 15 mars avec la Floride et la Caroline-du-Nord ; les sondages ne sont pas infaillibles.

Coup dur pour Hillary Clinton, cette défaite au Michigan n'est cependant pas fatale. L'ancienne secrétaire d'État a en fait augmenté mardi son avance considérable dans la course aux délégués grâce à sa victoire écrasante au Mississippi.

Mais cette défaite met de nouveau en relief ses faiblesses auprès des jeunes, des indépendants et des Blancs de la classe ouvrière.