Pour les électeurs de la moitié des États américains, les urnes de la présidentielle du 6 novembre sont ouvertes depuis parfois plusieurs semaines, alors que Barack Obama et Mitt Romney en sont encore à préparer leur premier débat télévisé, le 3 octobre.    

Les électeurs qui ne peuvent s'absenter de leur travail le jour du scrutin, un mardi, ou préfèrent aller à la pêche n'ont rien à justifier : dans la plupart des États, tout le monde peut voter dès septembre ou octobre.

La tendance donne un avantage aux campagnes les mieux organisées sur le terrain, puisque les efforts de mobilisation peuvent être étalés sur six ou sept semaines au lieu d'un seul jour. À condition de disposer du réseau de militants pour frapper aux portes et téléphoner aux électeurs.

Environ 30 % des électeurs avaient voté en avance en 2008, soit en personne dans des bureaux de vote, soit par courrier, la méthode la plus répandue et la moins coûteuse pour les États.

Cette année la proportion pourrait atteindre 35 %, selon Michael McDonald, expert du vote anticipé et professeur à l'Université George Mason, qui fait du mois d'octobre, et non celui de novembre, le mois le plus important de l'élection.

Les républicains s'attendent même à ce que deux tiers des Floridiens et 45 % des habitants de l'Ohio, deux États-clés très disputés, votent avant le 6 novembre.

Mardi, 25 États sur 50 permettaient déjà le vote par correspondance. Trois d'entre eux - Dakota du Sud, Idaho, Vermont - ont ouvert des bureaux de vote.

Si l'élection est toujours fixée au premier mardi de novembre, l'organisation reste du ressort des États, qui décident individuellement des dates du vote anticipé, du type de machines utilisées et même du format des bulletins.

La Caroline du Nord a commencé à voter par correspondance le 6 septembre. Dans l'Oregon et l'État de Washington, tous les électeurs devront envoyer leurs bulletins de vote par courrier, à partir du 19 octobre.

En minibus

Contrairement à 2008, cette année « les républicains devraient être plus nombreux à voter en avance », prédit Michael McDonald, qui note que la campagne de Mitt Romney a rattrapé le retard pris sur les démocrates en 2008.

« Les candidats ont plus de temps pour mobiliser leurs sympathisants », explique Danny Hayes, professeur de sciences politiques à l'Université George Washington. « Ils n'ont pas à se préoccuper d'eux le jour de l'élection et peuvent concentrer leurs ressources sur d'autres groupes d'électeurs », comme les centristes ou les indécis.

Mais dans l'Ohio et en Floride, les démocrates ont porté plainte contre de nouvelles lois, votées par des législatures républicaines, qui raccourcissent les périodes de vote anticipé.

Le pasteur Larry Harris Sr, d'une église baptiste de Cleveland en Ohio, a l'habitude de transporter ses fidèles en minibus aux bureaux de vote en avance pour maximiser la participation. Selon lui, en cherchant à fermer les bureaux de vote le dernier week-end avant le scrutin, les républicains de l'Ohio entendent réduire la participation des plus pauvres, majoritairement démocrates.

Dans l'Arizona, sur le petit campus d'une Université publique d'Avondale, Roberta Medina et deux autres bénévoles démocrates installent une table, deux fois par semaine depuis plusieurs mois, pour inciter les étudiants à s'inscrire sur les listes électorales.

« Nous avons déjà eu plus de 200 inscriptions », se félicite la retraitée.

La campagne Obama fait le calcul que le vote étudiant lui est statistiquement acquis, 66 % des 18-29 ans ayant voté pour lui en 2008.

Barack Obama lui-même rabâche le message. En septembre dans l'Ohio, il rappelait aux jeunes de son auditoire : « Vous les jeunes, allez voter en avance, car vous n'allez peut-être pas vous réveiller le jour de l'élection (...) En votant en avance, vous pourrez passer le reste du temps à aider les autres à voter ».