Rien ne pouvait gâcher la fierté de Rohn Bishop au lendemain du discours de Paul Ryan à la convention républicaine de Tampa, pas même les nombreuses critiques des vérificateurs de faits.

«Il est un leader intellectuel de l'aile réformiste du Parti républicain. Et le fait qu'il vienne du Wisconsin n'est pas un hasard», a déclaré le délégué de cet État du  Midwest hier après-midi. «Il a donné une performance brillante.»

Oui, mais... Paul Ryan n'a-t-il pas, à plusieurs reprises, pris des libertés avec la vérité, comme le lui ont reproché les grands médias américains, dont les vérificateurs de faits ont réagi avec un empressement rarement vu en pareilles circonstances?

«Je ne lis même pas le site PolitiFact, qui est prétendument le meilleur dans le domaine», a répondu Rohn Bishop. «Il n'est même pas digne de servir de papier toilette.»

La réaction de militant de 33 ans donne une idée du défi auquel font face les vérificateurs de faits aux États-Unis. Ils ont redoublé d'efforts après le discours de Paul Ryan, mais l'impact de leur travail reste à déterminer.

Du New York Times au Washington Post en passant par l'Associated Press, plusieurs médias américains ont passé au crible le discours de Paul Ryan, y trouvant de nombreuses déclarations douteuses ou carrément fausses.

«Consternant, fourbe et hypocrite», a notamment martelé le Washington Post en revenant sur l'assertion de Paul Ryan selon laquelle le président avait accumulé plus de dettes que n'importe quel autre président avant lui. Connu pour son expertise budgétaire, le colistier de Mitt Romney n'a pas mentionné que ces dettes résultaient en bonne partie des réductions d'impôts et des guerres de l'ère Bush.

Les vérificateurs de faits ont également reproché à Paul Ryan d'avoir dénaturé les faits sur les circonstances qui ont mené à la décote de la dette américaine par Standard & Poors en août 2011 et à l'échec du plan de réduction de la dette proposé par la commission Simpson-Bowles en mars 2012.

Ils ont aussi dénoncé les raccourcis de Paul Ryan à propos des coupes annoncées par Barack Obama dans le programme d'assurance santé Medicare. Et ils ont déploré que le représentant du Wisconsin ait laissé entendre que le président devait porter le blâme pour la fermeture d'une usine de GM à Janesville, sa ville natale.

La performance de Paul Ryan n'a guère impressionné le journaliste Ryan Lizza, qui a signé récemment dans l'hebdomadaire The New Yorker un portrait plutôt flatteur du représentant du Wisconsin.

«Ryan a commencé cette course avec une réputation d'honnêteté. Il est en voie de la perdre», a-t-il écrit hier.