Plusieurs amis mormons de Mitt Romney ont témoigné longuement de la foi du candidat républicain à la Maison-Blanche jeudi soir à la convention de Tampa, mettant en lumière un sujet abordé jusqu'alors de façon très discrète dans sa campagne.

Un ami proche de l'ex-gouverneur du Massachusetts, Grant Bennett, rencontré dans l'Église mormone, a présenté deux familles que M. Romney avait aidées, notamment Ted et Pat Oparowsky, du New Hampshire, dont le fils souffrait d'un cancer.

Une autre membre de l'Église, Pam Finlayson, a évoqué la foi du candidat, assurant: «Quand je vois Mitt, je sais que c'est un père aimant, un homme de foi et un ami attentionné».

L'Église mormone, -- officiellement L'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (LDS) -- est née aux États-Unis et représente aujourd'hui 2% de la population américaine. Elle est connue pour ses missionnaires, sa pratique -- rejetée en 1890 -- de la polygamie et son expertise en généalogie.

Avec Mitt Romney, c'est aussi la première fois que l'un de ses fidèles reçoit l'investiture d'un parti pour briguer la Maison-Blanche.

Mais M. Romney, bien que très impliqué dans la vie de l'Église, était toujours resté remarquablement discret sur le sujet.

Sa femme Ann qui s'était convertie à sa foi avant de l'épouser, avait dans son discours mardi, brièvement abordé le sujet. «Quand nous sommes tombés amoureux, nous étions déterminés à ce que rien ne vienne se mettre en travers de notre vie ensemble. J'étais épiscopalienne, il était mormon», avait-elle déclaré, racontant un mari ayant «essayé de vivre sa vie avec des valeurs centrées sur la famille, la foi et l'amour de son prochain (...), passant d'innombrables heures à aider les autres».

Mitt Romney devait également évoquer sa foi jeudi soir, racontant les amis rencontrés dans son église en arrivant avec sa famille dans le Massachusetts comme gouverneur.

Charles Franklin, professeur de sciences politiques à l'Université du Wisconsin, estime que l'une des raisons de cette discrétion est la méfiance bien enracinée des Américains envers les mormons, bien que ces derniers se réclament du christianisme, la foi majoritaire aux États-Unis.

«Il y a évidemment un risque (de rejet) de la part de nombreux chrétiens conservateurs au sein du parti (républicain), qui ont une profonde méfiance en envers les mormons», explique M. Franklin. «C'est la raison stratégique et tactique fondamentale qui le pousse à ne pas beaucoup aborder le sujet».

Selon un sondage Bloomberg News publié en mars, plus d'un Américain sur trois a une opinion défavorable sur les mormons.

Ces dernières semaines, cependant, M. Romney avait commencé à entrouvrir la porte sur sa foi, invitant même la presse, début août, à assister à un service religieux mormon avec sa famille, alors que son équipe de campagne répète à l'envi qu'il est un défenseur de la liberté de culte.

Clint Eastwood, invité presque surprise

Après plusieurs jours d'un faux mystère soigneusement entretenu, le légendaire Clint Eastwood a fait jeudi soir une brève apparition à la convention républicaine de Tampa, déclarant que «quand quelqu'un ne fait pas le travail, il faut qu'il s'en aille».

Le vétéran hollywoodien de 82 ans est intervenu à l'heure de grande écoute à la télévision, juste avant le sénateur de Floride de Marco Rubio, chargé d'introduire le discours très attendu du candidat républicain à la Maison Blanche Mitt Romney.

Le héros de «L'inspecteur Harry» a dénoncé comme une «honte nationale les 23 millions de chômeurs» aux États-Unis, et estimé qu'il était «temps que quelqu'un d'autre arrive et règle le problème».

«Quand quelqu'un ne fait pas le boulot, il faut qu'il s'en aille», a-t-il insisté, faisant mine par instants de s'adresser directement au président Barack Obama, représenté par une chaise vide installée à ses côtés.

L'acteur-réalisateur aux quatre Oscars était arrivé dans l'après-midi au Tampa Bay Forum, où se tient la convention, pour repérer les lieux.

Celui qui incarna aussi le célèbre «Inspecteur Harry» est un républicain dans l'âme, qui a apporté son soutien à Mitt Romney début août, après avoir soutenu John McCain en 2008. Son dernier film comme acteur et réalisateur, «Trouble with the curve», sort sur les écrans nord-américains le 21 septembre.

L'identité de l'invité mystère de la convention avait fait l'objet de nombreuses spéculations depuis plusieurs jours.

Avant que le nom de l'acteur-réalisateur ne s'impose dans les couloirs, d'autres noms avaient circulé, du milliardaire Donald Trump à l'égérie du Tea Party Sarah Palin, en passant par l'ancien secrétaire d'État Colin Powell.

Hollywood, traditionnellement plutôt favorable au camp démocrate, a brillé par son absence à Tampa, à l'exception de l'acteur Jon Voigt, 73 ans, passé côté républicain après une jeunesse des plus subversives et des films comme «Macadam Cowboy» (1969) et «Délivrance» (1972).