Mitt Romney a hier tenté de redorer son blason, tout en cherchant à convaincre les Américains de mettre fin à leur histoire d'amour avec Barack Obama, qu'il a dénigré avec fougue.

«À la majorité des Américains qui pensent que le futur ne sera pas mieux que le passé: je peux vous garantir que si Barack Obama est réélu, vous aurez raison», a-t-il soutenu au cours d'un discours devant plusieurs milliers de spectateurs au Tampa Bay Times Forum.

Un peu à la façon d'Obama il y a quatre ans, le candidat républicain s'est présenté comme le candidat de l'espoir et du changement. Celui qui saura «restaurer la promesse de l'Amérique», a-t-il dit.

«Les Américains ont été patients... mais aujourd'hui le temps est venu de tourner la page, le temps est venu de mettre derrière nous les déceptions des quatre dernières années», a lancé l'ancien gouverneur du Massachusetts.

Sarcastique, il s'est ensuite présenté comme une solution de rechange pragmatique à un président idéaliste. «Le président Obama a promis de freiner la hausse du niveau des océans et de soigner la planète. Ma promesse... est de vous aider, vous et votre famille», a-t-il affirmé, pour le plus grand plaisir de l'audience.

Priorité à l'économie

Il a bien sûr passé de longs moments à parler d'économie et de la crise qui afflige son pays, l'air confiant et déterminé sur ce thème qui lui est cher, citant au passage le succès de Steve Jobs à la tête d'Apple.

D'abord pour accuser le président actuel - «qui s'en prend au succès» - d'être responsable de la reprise chancelante. Ensuite pour promettre de faire mieux, notamment à l'aide d'un plan en cinq points visant à créer 12 millions d'emplois.

«Une commission spéciale n'est pas nécessaire pour savoir ce dont l'Amérique a besoin. L'Amérique a besoin d'emplois. De beaucoup d'emplois», a-t-il martelé.

Et d'ajouter: «vous savez qu'il y a quelque chose qui ne va pas avec le travail qu'il a fait comme président quand votre meilleure impression est celle du jour où vous avez voté pour lui.»

Cela dit, avant de démolir la réputation de son rival, il a interpelé les Américains quant au choix qu'ils auront à faire en novembre. Car son discours était pour lui l'ultime chance de se présenter sous un jour favorable.

Vie privée

«Pour faire ce choix, vous devez en savoir plus à mon sujet», a-t-il dit. Le candidat mal aimé, diabolisé par les attaques efficaces menées par les démocrates ces derniers mois, a donc avant tout pris soin de raconter l'histoire de sa vie.

Plusieurs minutes après la présentation d'une vidéo intimiste portant surtout sur sa femme et ses enfants, il a parlé de ses parents, au sujet desquels il est généralement discret. De leur «amour inconditionnel», mais aussi de leurs aventures politiques.

Celles de son père, gouverneur du Michigan de 1963 à 1969, et candidat déçu à la présidence américaine. Et celle de sa mère, qui s'est présentée au Sénat en 1970. «Je peux encore l'entendre dire avec sa belle voix: Pourquoi les femmes auraient-elles moins à dire que les hommes quant aux grandes décisions à prendre dans notre pays», a dit Mitt Romney.

Il a par ailleurs tenté de rétablir la réputation de son ancienne société d'investissement, Bain Capital, également la cible de critiques acerbes depuis le début de la campagne. Société entre autres derrière le succès de l'entreprise Staples, «où je suis heureux de voir que la campagne d'Obama s'approvisionne», a-t-il dit.

La soirée d'hier en était une où la plupart des orateurs, triés sur le volet, ont soutenu exemples à l'appui que Mitt Romney est un être exceptionnel. Incluant la jeune étoile politique floridienne, Marco Rubio. Son allocution a plu, mais pas autant que celle d'un invité surprise, Clint Eastwood.

Dans une mise en scène franchement surréaliste, l'acteur a imaginé que le président Obama était assis à ses côtés sur une chaise pour qu'il puisse lui faire la leçon. Applaudi à tout rompre par la foule, il a lancé quelques blagues et marmonné, de sa voix rauque, que les Américains doivent «se débarrasser d'Obama» et élire un homme d'affaires à la Maison-Blanche.

Bush prend la défense de... Bush

Jeb Bush, frère de George W. Bush, a pris la défense de l'ancien président hier tout en attaquant Barack Obama. «Monsieur le président, il est temps d'arrêter de blâmer votre prédécesseur pour vos politiques économiques désastreuses», a-t-il lancé.