Deux horloges numériques surplombent le parterre du Tampa Bay Times Forum, où Mitt Romney doit être investi candidat à l'élection présidentielle du 6 novembre contre Barack Obama.

L'une affiche en temps réel la dette nationale américaine, qui s'approche du seuil symbolique des 16 000 milliards de dollars. L'autre indique la dette accumulée par les États-Unis depuis le début de la convention républicaine de Tampa, qui a été officiellement ouverte à 14h hier pour être aussitôt ajournée, conformément à une décision prise dimanche en raison de la tempête tropicale Isaac.

À 14h15, le montant affiché par la deuxième horloge avait dépassé les 24 millions de dollars. Et Jeff Johns, assis dans les gradins du Forum, pouvait voir de ses propres yeux une des raisons pour lesquelles il souhaite ardemment la défaite du président Obama.

«La dette est passée de 9000 milliards à 15 000 milliards de dollars au cours de son mandat», dit ce comptable de 43 ans, qui est également président du Parti républicain du comté d'Ozaukee, au Wisconsin. «C'est insoutenable. Si Obama obtient un deuxième mandat, nous croulerons littéralement sous une montagne de dettes.»

Plusieurs orateurs aborderont ce thème au cours de la convention républicaine, qui se mettra en branle pour de bon aujourd'hui avec des discours attendus d'Ann Romney, femme de l'ancien gouverneur du Massachusetts, et de Chris Christie, gouverneur du New Jersey. Ceux de Paul Ryan et de Mitt Romney doivent suivre demain et jeudi.

Et des milliers de délégués et militants présents à Tampa goûteront à leurs critiques de Barack Obama, étant plus que prêts à en découdre avec lui.

«Obama n'a jamais rien géré de sa vie, pas même une vente-débarras», dit Ellen Jernigan, déléguée du Mississippi, faisant fi des quatre années du président à la Maison-Blanche. «Il n'a jamais eu à faire face à des obligations salariales. Il dépense beaucoup d'argent. Il donne beaucoup d'argent. Mais c'est notre argent!»

Paul Hess, délégué de la région de Seattle, prend bien soin de dire que Barack Obama est un «bon gars» dont les intentions sont «bonnes». Mais il pose un jugement aussi cinglant que les autres sur le bilan économique du président.

«Ses décisions ont nui aux personnes même qu'il voulait aider, la classe moyenne, la classe ouvrière, les chômeurs», dit ce capital-risqueur, qui est également président du Parti républicain du comté de King.

Mitt Romney a déjà également qualifié Barack Obama de «bon gars». Mais il semblait avoir une autre opinion à ce sujet lors d'une interview publiée hier par le USA Today. Il a accusé le président et ses alliés de mener contre lui une «campagne de diabolisation et de diffamation personnelle», qualifiant de «malhonnêtes», «vicieuses» et «absurdes» les attaques dont il fait l'objet.

Janis Lane, présidente d'un groupe appartenant au Tea Party, a également du mal à voir dans Barack Obama un homme honorable. Les larmes lui viennent d'ailleurs aux yeux en parlant de la position du président sur l'avortement.

«Ma mère a probablement été le résultat d'un viol», raconte-t-elle, la voix étranglée par un sanglot. «Que serait-il arrivé si elle avait été tuée dans le ventre de sa propre mère? Je ne serais pas ici. Qui aurait été la femme de mon mari? Où seraient mes deux fils précieux, qui servent dans les marines, qui défendent le pays qu'ils aiment? Ils ne seraient pas ici. Qui seraient les maris de leurs précieuses femmes? Nos sept petits-enfants ne seraient pas ici. Voyez-vous l'effet domino?»