Accoudé au bar d'un grand hôtel de Tampa, Peter Plautz, un délégué du Wisconsin, déployait des trésors d'imagination, hier après-midi, pour minimiser l'impact de la tempête tropicale Isaac sur la convention républicaine de Tampa, dont l'ouverture, prévue ce soir, a déjà été reportée d'une journée.

«Avez-vous déjà roulé en moto à 50 milles à l'heure?» a-t-il demandé en buvant un Bloody. «Vous aurez la même sensation. Il y aura des vents de 50 milles à l'heure et de la pluie. C'est tout.»

À strictement parler, Peter Plautz n'a peut-être pas tort. Selon les météorologues, Isaac ne frappera pas de plein fouet Tampa, où les délégués républicains doivent désigner officiellement Mitt Romney comme candidat de leur parti à la présidence des États-Unis.

Mais la tempête tropicale au nom biblique, qui a balayé hier l'archipel des Keys, devrait se transformer en ouragan de catégorie 2 en retraversant le golfe du Mexique, avant de frapper la côte sud des États-Unis, entre la Louisiane et la Floride, au milieu de la semaine.

Scénario désastreux

Ainsi, le 29 août, La Nouvelle-Orléans pourrait marquer le septième anniversaire de l'ouragan Katrina en essuyant les assauts d'Isaac. Pareil scénario pourrait être désastreux pour les républicains, qui voulaient monopoliser l'attention des médias cette semaine pour dénoncer le bilan économique de Barack Obama, présenter les solutions conservatrices de Mitt Romney et rendre ce dernier plus «humain».

Les organisateurs de la convention ont d'ailleurs évoqué hier la possibilité de prolonger leur rassemblement jusqu'à vendredi. Pour l'instant, Mitt Romney doit prononcer son discours d'investiture jeudi soir - c'est le moment le plus attendu du rendez-vous républicain.

«C'est préoccupant», a reconnu Bob McDonnell, gouverneur républicain de la Virginie. Il a évoqué la difficulté de tenir une convention politique dans une région où un ouragan menace de faire des ravages. «Mais je pense que nous parviendrons à retenir l'attention, et le message sera bon», a-t-il ajouté lors d'une interview sur ABC, hier matin.

Optimisme républicain

À Tampa, où le temps était nuageux, humide et venteux, hier, plusieurs délégués et militants républicains ont aussi fait preuve d'optimisme. «Nous avons vécu la même situation il y a quatre ans», a confié Jan Staples, représentante du Maine au Comité national du Parti républicain. «Et nous avions réussi à passer notre message en trois jours au lieu de quatre.»

En fait, les organisateurs de la convention républicaine de 2008 à St. Paul, au Minnesota, avaient annulé la première journée de cette grand-messe en raison de l'ouragan Gustav, qui avait frappé la Louisiane et causé des dégâts importants en Alabama et au Mississippi.

Mais il y avait déjà deux jours que Gustav avait touché la côte sud des États-Unis lorsque Sarah Palin est montée sur la tribune de la convention de St. Paul. Cette année, Isaac risque d'atteindre la Floride et ses voisins au beau milieu de la convention républicaine.

«Nous prierons et penserons aux gens qui seront touchés par l'ouragan», a déclaré Jan Staples. «Nous nous ferons tous du souci pour leur sécurité.»

LA PRESSE À LA CONVENTION RÉPUBLICAINE

Quelque 15 000 journalistes du monde entier sont réunis cette semaine à Tampa, en Floride, pour couvrir la convention républicaine. Y compris deux envoyés spéciaux de La Presse, qui ont fait de nombreux reportages aux États-Unis au cours des dernières années et qui publieront sous peu un essai sur la course à la Maison-Blanche, aux Éditions La Presse: Sexe, fric et vote, les clés de la Maison-Blanche. Vous pourrez les lire au quotidien dans nos pages, sur lapresse.ca ou les suivre sur Twitter. Ils couvriront aussi la convention démocrate en Caroline-du-Nord la semaine prochaine.

Richard Hétu

Richard Hétu est correspondant de La Presse à New York depuis juin 1994. Il a couvert ses premières conventions en 1996, lors du duel Bill Clinton-Bob Dole. Il en est à sa cinquième campagne présidentielle américaine. Il compte aussi à son actif deux romans et un essai sur les États-Unis.

Sur Twitter: @richardhetu

Alexandre Sirois

Alexandre Sirois est responsable de la section internationale de La Presse, après avoir été correspondant à Washington pendant trois ans, de 2003 à 2006. Il en est à sa troisième campagne présidentielle américaine. Il a publié un essai sur les défis de Barack Obama à la Maison-Blanche.

Sur Twitter: @alexandresirois