Le candidat républicain à la présidence américaine Mitt Romney a débuté jeudi à Londres une visite destinée à asseoir sa stature internationale, mais marquée d'emblée par des propos controversés sur l'impréparation des JO et l'«héritage anglo-saxon».

Le candidat républicain a pris soin d'organiser sa tournée de six jours dans des pays clés: la Grande-Bretagne, avec qui Washington entretient une «relation privilégiée» maintes fois rappelée depuis la guerre, la Pologne et Israël, deux pays ayant d'importantes communautés outre-Atlantique, essentielles dans la chasse aux voix.

Mais ses propos peu diplomatiques sur la chaîne NBC News à son arrivée mercredi à Londres ont jeté un froid: Mitt Romney y jugeait «troublantes» et «peu encourageantes» les défaillances d'une société privée chargée d'assurer la sécurité des Jeux et la grève --finalement annulée-- des agents d'immigration et des douanes britanniques.

Les critiques du candidat républicain font d'autant plus mouche qu'il n'est pas novice en la matière: l'ancien homme d'affaires et multimillionnaire avait été appelé à la rescousse des jeux d'hiver de Salt Lake City de 2002, en proie à des difficultés financières.

Il avait aussi mis en doute la participation populaire aux JO: «Est-ce qu'ils (les Britanniques) se retrouvent tous ensemble pour fêter ce moment olympique? On le verra seulement quand les Jeux commencent vraiment», avait-il lancé.

Le premier ministre David Cameron a profité d'une conférence de presse jeudi à la mi-journée pour rétorquer que «non seulement le pays est tout entier derrière les Jeux», mais aussi que les Britanniques sont «très doués pour accueillir les gens du monde entier». «Je ferai part de ces points à Mitt Romney, que j'ai hâte de rencontrer», a encore dit M. Cameron.

Ce qui ne l'a pas empêché quelques heures plus tard de serrer chaleureusement la main de Mitt Romney au 10, Downing Street, toute divergence semblant oubliée.

Le républicain a paru faire amende honorable, évoquant «l'enthousiasme» qu'il avait pu constater en regardant à la télévision la veille le parcours de la flamme dans tout le pays.

De son côté, David Cameron, qui a jusqu'à présent cultivé une relation chaleureuse avec Barack Obama, doit ménager l'avenir, fait valoir la presse britannique. Le fait qu'il n'ait pas rencontré M. Romney lors de sa visite en mars à Washington avait fait grincer des dents chez les républicains.

Ces derniers, alliés «naturels» des conservateurs britanniques du temps de Margaret Thatcher, ont singulièrement droitisé leur discours sous la pression du «Tea Party». Sur la protection sociale, les impôts ou les droits des couples homosexuels, les deux partis sont désormais à des années-lumière, observe le Daily Telegraph.

La veille, le quotidien avait déclenché une polémique aux États-Unis en prêtant à un conseiller de M. Romney des propos pouvant passer pour racistes. «Nous partageons le même héritage anglo-saxon et il (M. Romney) pense que la relation privilégiée est quelque chose de spécial», aurait expliqué l'un de ces conseillers au journal britannique.

Des déclarations pouvant passer comme une référence voilée aux origines de M. Obama, premier président noir des États-Unis, né d'un père kényan.

La porte-parole du candidat républicain a eu beau démentir les déclarations, l'ensemble donne une image brouillonne pour un candidat qui cherche précisément à «démentir le sentiment qu'il donne d'avoir une faible emprise sur les dossiers de politique étrangère», selon le quotidien The Guardian.

Mitt Romney, dont l'épouse est copropriétaire d'un cheval en compétition dans les JO, effectue en deux jours un véritable marathon diplomatique, rencontrant à la fois ministres et personnalités de l'opposition, ainsi que le premier ministre irlandais Enda Kenny vendredi.