Le président sortant Barack Obama a remarqué lundi qu'investisseur et président étaient deux métiers différents, égratignant son concurrent républicain Mitt Romney qui affirme que sa carrière dans le privé le qualifie pour créer des emplois aux États-Unis.

Tout en reconnaissant que les entrepreneurs de capital-risque avaient un rôle à jouer pour faire croître l'économie, M. Obama, interrogé à ce sujet lors de sa conférence de presse en clôture du sommet de l'Otan à Chicago, a noté que «leur priorité est de faire le plus de bénéfices possible».

«Et ce n'est pas forcément bon à tout les coups pour les entreprises et leurs employés», a-t-il ajouté, alors que son équipe de campagne a diffusé ces derniers jours des publicités affirmant que M. Romney, quand il était à la tête du fonds d'investissement Bain Capital dans les années 1990, avait privilégié les profits rapides aux emplois.

Ce débat déjà tendu s'est envenimé avec l'intervention dimanche de Cory Booker, maire de Newark et étoile montante du parti démocrate, qui avait mis en garde contre l'aspect négatif de la campagne actuelle des deux côtés, et assuré que les attaques contre la carrière de M. Romney lui donnaient «la nausée».

Le camp de M. Romney s'est immédiatement saisi de cette opinion dissonante, même si M. Booker a tenté de corriger ses propos par la suite.

Mais M. Obama a affirmé que «la raison pour laquelle (ces arguments) sont valides pour la campagne est parce que mon adversaire, le gouverneur Romney, vante son expérience dans les affaires comme son principal atout pour devenir président».

«Si votre principal argument pour faire croître l'économie est que vous saviez comment faire gagner beaucoup d'argent aux investisseurs, vous ne comprenez pas ce dont il s'agit dans ce poste» de président, a fait remarquer le dirigeant démocrate, qui va remettre son mandat en jeu le 6 novembre.

«Mon métier est de prendre en compte tout le monde, pas seulement certains. Mon métier est de faire en sorte qu'une entreprise prospère, non seulement maintenant, mais dans 10 ou 20 ans», a-t-il ajouté.

Plus tôt lundi, l'équipe de campagne de M. Obama a accusé Mitt Romney d'être le «contraire de Robin des Bois», dépouillant les pauvres pour donner aux riches.

Le porte-parole du candidat démocrate, Ben LaBolt, a estimé que M. Romney «n'est manifestement pas un créateur d'emplois. Romney était dans les affaires pour faire de l'argent pour lui et ses investisseurs, pas pour créer des emplois comme il l'affirme».

La semaine dernière, dans une autre vidéo sur les conséquences sociales d'une faillite d'usine attribuée aux pratiques de Bain Capital, d'anciens employés avaient qualifié M. Romney de «destructeur d'emplois» et même de «vampire».

M. Romney lui-même est monté au créneau lundi, affirmant dans un communiqué que «le président Obama a confirmé aujourd'hui qu'il persisterait dans ses attaques contre la libre-entreprise, qui ont été rejetées par le maire Booker et d'autres démocrates de premier plan».

«Ce dont il s'agit dans cette élection, ce sont les 23 millions d'Américains qui peinent toujours à trouver un emploi et les millions qui ont perdu leurs maisons et sont tombés dans la pauvreté. Le président Obama refuse de prendre la responsabilité de ses politiques qui ont échoué», a-t-il déploré.