Il n'a encore remporté aucun État et reconnaît lui-même que ses chances sont minces. Mais Ron Paul, l'ovni du parti républicain, compte bien poursuivre jusqu'au bout son rêve chimérique de devenir l'adversaire de Barack Obama à la présidentielle de novembre.

Fin des interventions militaires à l'étranger, abolition de la banque centrale et de cinq ministères, légalisation des stupéfiants: le quatrième homme de la primaire républicaine est très loin de l'orthodoxie du parti, mais il n'en a pas moins décroché des scores honorables depuis le début de la course le 3 janvier.

«Est-ce que je pense que je peux gagner? Oui. Est-ce que je pense que mes chances sont faibles? Oui», reconnaissait-il ce week-end à la télévision.

À 76 ans, le doyen des candidats a depuis tiré son épingle du jeu lors des 10 scrutins du «super mardi», recueillant jusqu'à 40% des voix en Virginie, un État où il était, il est vrai, en concurrence avec le seul Mitt Romney.

Ses positions sur la drogue le rendent populaire auprès de certains jeunes et Ron Paul en profite pour faire avancer sa philosophie «libertarienne»: ultra-libéralisme en économie et tolérance sur les questions de société. Son credo: réduire au minimum l'influence de l'État dans la vie des citoyens, ce qui l'amène à pourfendre Barack Obama et sa réforme de l'assurance maladie.

Il milite depuis longtemps pour le retour à l'étalon-or abandonné sous le président Richard Nixon en 1971 et propose de supprimer des pans entiers de l'administration fédérale afin de réduire la dette du pays.

En politique étrangère, il flirte avec l'isolationnisme et s'oppose à toute forme d'aide ou d'intervention militaire à l'étranger. Il a voté en 2002 contre la guerre en Irak. Alors que nombre de républicains plaident désormais pour une intervention armée pour mettre fin au programme nucléaire iranien, au nom de la protection d'Israël, Ron Paul fait entendre sa différence.

«L'Iran n'a pas de bombe, il n'y a aucune preuve. Réagir avec excès et parler de bombarder l'Iran, c'est trop dangereux», a-t-il dit récemment.

Même s'il n'est arrivé en tête dans aucun des quelque 20 États attribués jusqu'à présent, M. Paul a recueilli une soixantaine de délégués (soit sept fois moins que Mitt Romney) et entend peser à ce titre sur la convention républicaine qui désignera fin août l'adversaire du président démocrate.

«Ce n'est pas le pouvoir qui m'intéresse, c'est d'avoir de l'influence», a reconnu le candidat, qui représente le Texas à Washington depuis 1997.

D'aucuns supputent qu'il pourrait en fait monnayer son ralliement au vainqueur des primaires en échange d'une candidature à la vice-présidence des États-Unis qui irait à son fils Rand, actuel sénateur du Kentucky. À moins que ce ne soit un portefeuille ministériel que l'on promettrait à Rand Paul, 49 ans, dans une hypothétique administration Romney. Père comme fils ont démenti ces spéculations.

Ron Paul «n'est pas en campagne électorale, il mène un mouvement», dit de lui le politologue William Galston, de l'institut Brookings. «Il n'a pas dit son dernier mot».

«Il n'a pas besoin d'engranger des victoires pour poursuivre sa campagne», observe un autre politologue, Thomas Mann. «Il a une flopée de partisans enthousiastes qui vont faire campagne pour lui et il peut rester dans la course aussi longtemps qu'il le veut».