L'aîné des six candidats sur scène s'est montré le plus virulent à l'occasion du plus récent débat des candidats républicains à la présidence des États-Unis, samedi soir au New Hampshire.

Cet exercice s'est d'ailleurs rapidement transformé en bataille pour la seconde place, le tout sous les yeux de Mitt Romney, le meneur actuel, qui ne pouvait s'empêcher de sourire devant ce à quoi il assistait.

Ron Paul, le représentant libertarien de 76 ans qui occupait le deuxième rang des sondages au New Hampshire à trois jours du scrutin primaire dans cet État, a lancé de cinglantes attaques à l'endroit de Newt Gingrich et de Rick Santorum, utilisant des arguments rarement entendus de la bouche d'un républicain.

Il a nullement regretté avoir qualifié M. Gingrich de «faucon de salon» plus tôt cette semaine, a-t-il admis aux modérateurs du débat.

M. Paul s'en est pris à M. Gingrich pour avoir appuyé les guerres en Irak et en Afghanistan tout en refusant de combattre au Vietnam.

Il a aussi accusé l'ancien président de la Chambre des représentants d'avoir eu droit à plusieurs sursis afin de ne pas être contraint de servir pendant le conflit.

«Je pense que les gens qui n'ont pas servi pendant qu'ils auraient pu le faire... ces gens n'ont aucun droit d'envoyer nos enfants à la guerre, et même de s'opposer aux guerres auxquelles nous participons», a lancé M. Paul.

Lorsque M. Gingrich s'est objecté, affirmant qu'il n'avait jamais bénéficié d'un sursis mais qu'il n'était pas éligible parce qu'il était marié et père de famille, M. Paul l'a rabroué.

«Lorsque j'ai été recruté, j'étais marié et j'avais deux enfants. Et j'y suis allé», a-t-il rétorqué.

M. Paul y est aussi d'une sortie en règle contre la soi-disant guerre contre la drogue, affirmant qu'elle avait mené à un «taux injuste» d'incarcération des hommes de race noire et d'origine hispanique.

Rick Santorum, l'ancien sénateur de la Pennsylvanie qui est venu à quelques votes près, mardi, de gagner le caucus de l'Iowa, finissant tout juste derrière Mitt Romney, n'a pas été épargné non plus.

«Vous êtes un grand dépensier, tout simplement - vous un grand conservateur gouvernemental», a déclaré M. Paul, pendant que M. Romney, debout entre les deux hommes, ne pouvait réprimer un sourire.

Cette confrontation verbale est survenue au moment où le portrait de la course républicaine a été largement altéré : Rick Santorum profite maintenant de son moment sous le soleil tandis que Michele Bachmann - qui avait eu le sien en août - a annoncé son retrait de la course, mercredi.

Selon un sondage de l'Université Suffolk, dévoilé samedi, Mitt Romney bénéficie du soutien de 39 pour cent des électeurs de l'État en vue du scrutin, alors que Ron Paul se classe deuxième, avec 17 pour cent des appuis.

Mais le sondage laisse croire que Rick Santorum aura de la difficulté à gagner du terrain, lui qui se trouve sur un pied d'égalité avec M. Gingrich et Jon Huntsman, un ancien gouverneur de l'Utah, à neuf pour cent des intentions de vote.

Le sondage tend à indiquer que M. Santorum a perdu beaucoup de momentum après une sortie devant une foule d'étudiants universitaires, jeudi, durant laquelle il a eu à faire face à de difficiles questions - de même qu'à des railleries et des huées - au sujet de son opposition aux unions entre gens du même sexe et de son appui aux conflits en Irak et en Afghanistan.

M. Santorum, cependant, a maintenu ses attaques à l'endroit de M. Romney lors d'une tournée au New Hampshire, samedi, le décrivant comme un «directeur exécutif» sans âme et non le genre de leader mobilisateur dont les États-Unis ont besoin.

«Je crois qu'il ne possède tout simplement pas les habiletés dont un président a besoin. Nous n'avons pas besoin d'un gestionnaire», a lancé M. Santorum.

À l'approche du scrutin primaire de mardi, la course républicaine a été ponctuée de nombreuses et vilaines disputes entre candidats.

M. Gingrich, en particulier, croyant avoir des comptes à régler, a passé les jours suivant sa lointaine quatrième place au caucus de l'Iowa, mardi dernier, à critiquer sévèrement M. Romney, qu'il blâme pour une série d'attaques lancées à son endroit lors de publicités électorales en Iowa.

Une riposte longue de 30 minutes, devant être dévoilée prochainement, affirme que l'ancien gouverneur du Massachusetts est un «homme de main corporatif sans scrupule» qui a écrasé des cols bleus au moment où il dirigeait une société privée d'investissement.

Les campagnes de Ron Paul et Jon Huntsman ont également été engagées dans une lutte inattendue. M. Huntsman a accusé un partisan de M. Paul d'avoir mis en ligne une vidéo qui mettait en doute sa loyauté face aux États-Unis parce qu'il parlait en mandarin avec sa fille, adoptée en Chine.

Les partisans de M. Paul ont riposté en faisant appel à un cabinet de consultants internet qui a suggéré que les responsables de la campagne de M. Huntsman avaient eux-mêmes concocté la vidéo pour créer une réaction défavorable envers le politicien du Texas.

Un porte-parole de M. Huntsman a rejeté l'accusation du clan Paul.

«Ce n'est rien d'autre qu'une tentative visant à protéger l'un de ses partisans racistes», a réagi Tim Miller.

Ron Paul a jusqu'à maintenant fait bonne impression lors des sondages au New Hampshire, où M. Hunstman a passé plus de temps que tout autre candidat afin de convaincre les électeurs appelés à voter au scrutin primaire.

Le clan Paul compte également cibler Rick Santorum via un nouveau message publicitaire qui sera diffusé en Caroline du Sud, site du deuxième scrutin primaire de cette année électorale, le 21 janvier.