Les États-Unis vont déployer des soldats supplémentaires et des hélicoptères d'attaque en Irak pour soutenir les forces irakiennes dans la reconquête de Mossoul et des territoires toujours contrôlés par le groupe État islamique (EI).

«Nous allons envoyer des forces supplémentaires», a annoncé lundi le secrétaire à la Défense Ashton Carter au cours d'une visite non annoncée à Bagdad.

Quelque 200 nouveaux soldats vont être envoyés en Irak, ce qui portera les effectifs américains à plus de 4000, selon un haut responsable américain.

Mais les forces américaines resteront dans des rôles de conseil et d'entraînement aux forces gouvernementales, sans participer directement aux combats, comme l'avait décidé le président Barack Obama en 2011.

À Bagdad, M. Carter a fait le point des offensives antidjihadistes avec les responsables américains sur place, le premier ministre irakien Haider al-Abadi et son ministre de la Défense Khaled al-Obaidi.

Les discussions ont en particulier porté sur les préparatifs pour la reconquête de Mossoul, la grande ville du nord et principale place forte de l'EI depuis 2014. Car «ce combat sera crucial (...) et nous allons devoir être plus agressifs» pour aider les forces irakiennes, a prévenu un responsable américain de la Défense.

Pour cela, M. Carter a donné son accord à l'intervention sur le terrain d'hélicoptères d'attaque américains Apache, déjà proposés pour l'offensive contre Ramadi, mais non utilisés par les Irakiens. Les Apache peuvent réagir «rapidement» et «efficacement» lorsque la situation l'exige sur le terrain, a expliqué le responsable américain.

Les États-Unis débloqueront par ailleurs une aide de 415 millions de dollars (près de 534 millions de dollars CAN) pour les peshmergas, les forces de la région autonome kurde, qui jouent un rôle de premier plan pour faire reculer l'EI dans le nord.

Aide des pays arabes

La visite de M. Carter, qui est intervenue quelques jours après celle du chef de la diplomatie John Kerry, était également destinée à soutenir M. Abadi, affaibli par une crise politique depuis plusieurs semaines.

Avant de décider d'un engagement accru américain, qui comportera des «risques», le président Obama veut en effet être parfaitement en accord avec les autorités irakiennes, a expliqué le responsable américain.

Le projet de M. Abadi de remplacer le gouvernement actuel, composé de politiciens, par un cabinet de technocrates - dont la mission serait de mener des réformes anticorruption adoptées l'an dernier - se heurte à la résistance des partis politiques au Parlement.

Des milliers d'Irakiens ont de nouveau manifesté lundi pour réclamer des réformes politiques devant la Zone verte, où sont concentrées les institutions de l'État à Bagdad.

L'ONU et les États-Unis ont exprimé leur inquiétude de voir ces querelles politiques prendre le pas sur la lutte contre l'EI, qui contrôle des territoires à l'ouest et au nord de Bagdad.

Plus d'un an et demi après les premières frappes contre l'EI, l'administration américaine reste toutefois optimiste sur le succès de la campagne antidjihadistes.

«Aujourd'hui, sur le terrain, en Syrie et en Irak, l'EI est sur la défensive et nous sommes à l'offensive», a récemment déclaré M. Obama, dont le pays mène également des frappes contre l'EI en Syrie dans le cadre de la coalition internationale.

Après Bagdad, M. Carter se rendra à Abou Dhabi mardi puis à Riyad mercredi et jeudi pour évoquer notamment la reconstruction économique et politique de l'Irak avec les dirigeants des pays du Golfe.

Selon les responsables américains, les États-Unis vont exhorter ces pays à utiliser leur influence sur les sunnites d'Irak pour appuyer les efforts du premier ministre Abadi afin de construire un État multiconfessionnel en Irak où les chiites sont majoritaires.

Et ils demanderont aussi aux pays du Golfe de contribuer à financer la reconstruction de l'Irak, dont l'économie est fortement affectée par la baisse des prix du pétrole.

M. Carter participera avec M. Obama jeudi à Riyad à un sommet des dirigeants du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Émirats arabes unis, Koweït, Oman et le Qatar).