Dans un enregistrement attribué au chef du groupe État islamique (EI), Abou Bakr al-Baghdadi accuse la coalition de faire de la propagande lorsqu'elle affirme que ses frappes aériennes placent l'EI sur la défensive.

Dans cet enregistrement de 17 minutes diffusé hier, soit quelques jours après les rumeurs de sa mort dans un raid, al-Baghdadi affirme que le Canada et d'autres pays sont terrifiés par son organisation et il incite les soldats de l'EI à encourager partout «l'éruption de volcans du djihad».

«Les frappes aériennes et bombardements constants des croisés - jour et nuit - contre les positions de l'État islamique n'ont pas arrêté notre avancée ni affaibli notre détermination», a-t-il ajouté.

On ignore si cet enregistrement date d'avant ou après les frappes de la coalition au cours desquelles, selon les rumeurs, il aurait été mortellement frappé.





Sur la défensive

Mais les propos du chef de l'EI sur l'état de ses troupes contredisent les affirmations des Forces canadiennes, qui ont affirmé hier que les efforts de la coalition ont déjà commencé à porter leurs fruits puisqu'ils ont mis l'EI sur la défensive.

Les combattants de l'EI «se cachent davantage, ils nous offrent moins de cibles, ce qui veut dire qu'ils sont une force moins capable», a déclaré le commandant de la Force opérationnelle interarmées, Daniel Constable, lors d'une séance d'information téléphonique, hier.

«Nous avons bel et bien un impact.»

Le ministre canadien de la Sécurité publique, Steven Blaney, a affirmé quant à lui que «la déclaration publiée par l'EI, dans laquelle les terroristes menacent directement de commettre des actes de violence contre le Canada, confirme la nécessité de faire preuve de vigilance à l'égard de cette menace terroriste mondiale».

«Nous ne réagirons pas de façon exagérée aux récentes attaques terroristes, mais le temps est venu de cesser de ne pas réagir suffisamment face aux menaces qui pèsent contre nous», a ajouté le ministre Blaney.

Dans la foulée des attentats ayant entraîné la mort de deux militaires, l'un à Saint-Jean-sur-Richelieu et l'autre à Ottawa, le gouvernement Harper a promis de donner plus d'outils aux forces policières et de renseignement pour combattre les menaces terroristes contre le Canada.

Pas de victimes civiles

Le colonel Constable a par ailleurs affirmé hier qu'il n'y a eu aucun dommage collatéral jusqu'ici au cours des 68 sorties menées par les appareils canadiens.

Des combattants de l'EI pourraient cependant avoir été touchés lors des frappes menées par des CF-18 du Canada mardi, et qui ont frappé une pièce d'artillerie près de Baiji au nord de Bagdad.

Une vidéo rendue publique par les Forces armées montre des tirs aériens sur un véhicule en mouvement, suivis d'une importante explosion.

«Cette pièce d'artillerie avait été repérée initialement dans une aire boisée, d'où elle tirait sur les forces irakiennes», a précisé le colonel.

«L'évaluation des dommages indique que la cible principale, la pièce d'artillerie, a été détruite, et qu'il est probable qu'il y a eu des victimes de l'EI, mais nous n'avons aucune donnée à ce sujet», a-t-il ajouté.

Ces frappes de mardi sont les deuxièmes dont font état les Forces canadiennes depuis le début de leur mission, il y a deux semaines. Les premières portaient sur des infrastructures et des véhicules servant à divertir un cours d'eau pour déplacer des populations.

Environ 600 membres des Forces canadiennes sont sur place pour participer d'une manière ou d'une autre à la mission aérienne. Six chasseurs CF-18, un avion de ravitaillement en vol CC-150 Polaris et deux appareils de reconnaissance CP-140 Aurora ont aussi été envoyés pour contribuer aux efforts de la coalition.

Le gouvernement n'a toujours pas rendu publique l'évaluation des coûts de la mission. Les Forces disent lui avoir déjà fourni ces informations.

«Il s'agit d'une opération en cours et les coûts fluctuent en fonction des événements, a déclaré hier une porte-parole du ministre de la Défense, Johanna Quinney. Nous voulons être aussi transparents que possible, c'est pourquoi ces coûts seront rendus publics par l'entremise du processus parlementaire régulier.»