Le Premier ministre tunisien, Mohammed Ghannouchi, 70 ans, s'est engagé à quitter la politique après la période de transition qui s'achèvera avec des élections «démocratiques et transparentes», dans une entrevue télévisée diffusée vendredi soir.

Il a annoncé que «toutes les lois antidémocratiques seraient abrogées» pendant la transition, parlant des lois électorale et antiterroriste ainsi que du code de la presse, dans cet entretien enregistré jeudi soir au siège du gouvernement avec deux journalistes tunisiens indépendants.

Il s'est engagé devant les Tunisiens à ne pas toucher au statut de la femme, qui interdit la polygamie, ni à la gratuité de l'enseignement et à l'accès à la santé.

«Après la transition, je me retirerai de la vie politique», a promis M. Ghannouchi.

«Et même si on me propose d'être candidat, après la période de transition, je prends ma retraite. Nous avons assez d'hommes capables et compétents» pour diriger le pays, a-t-il ajouté.

«Mes responsabilités sont provisoires», a insisté M Ghannouchi, soulignant qu'il avait pour seul et unique objectif de remettre le pays sur les rails.

Sur le plan politique, «nous allons proposer des réformes, abroger les lois antidémocratiques», a souligné M. Ghannouchi.

Il a évoqué tour à tour l'actuelle loi électorale qui interdit à certains partis politiques de participer aux élections, la loi antiterroriste qui a servi de prétexte pour jeter en prison des centaines de jeunes soupçonnés de menacer la sécurité du pays, et le code de la presse qui permettait de contrôler très étroitement les médias.

Ces mesures permettront d'organiser «des élections transparentes et démocratiques, les premières depuis l'indépendance» de cet ancien protectorat français en 1956.

Le chef du «gouvernement d'union nationale» a par ailleurs promis que certains acquis sociaux seraient préservés pendant la transition, en citant le «code du statut personnel» datant de l'ancien président Habib Bourguiba qui interdit notamment la polygamie, puis la gratuité de l'enseignement et l'accès à la santé.

Sous le régime de Zine El Abidine Ben Ali, «j'avais peur, comme tous les Tunisiens», a encore confié l'ancien chef de gouvernement du président déchu, assurant qu'il avait «des valises prêtes» pour partir et qu'il n'avait été qu'un coordinateur des ministres concernés par les portefeuilles à caractère social, chargé d'attirer les investisseurs et de veiller à l'équilibre budgétaire.