Sonnée, la côte est américaine. Décoiffé, l'Est canadien. Pour l'Amérique du Nord, qui retenait son souffle depuis quelques jours déjà, c'est un dur lendemain de veille. Au moins 29 morts aux États-Unis, 1 victime à Toronto, 8 millions d'Américains ayant passé la nuit à la chandelle et quelque 130 000 foyers canadiens qui ont eux aussi été privés d'électricité. Sandy, qui a mérité son surnom de Frankenstorm, a frappé fort. Très fort.

Sandy a donné des airs de fin du monde à la côte est américaine hier, en plongeant dans son sillage des centaines de villes et de villages dans le noir, le silence et la peur. Le temps s'est arrêté à New York pendant toute une nuit. Des scènes surréalistes faites de rues désertées, de quais de métro inondés d'eau salée et de voitures complètement englouties sous les flots au coeur de Manhattan. Derrière lui, Sandy laisse une facture déjà évaluée à entre 10 et 20 milliards.

Pour la deuxième journée consécutive, la Bourse de New York est restée close, du jamais vu depuis les événements du 11 septembre 2001. La plupart des aéroports du Nord-Est américain sont demeurés fermés hier, tout comme les écoles. On estime qu'une semaine sera nécessaire avant que l'électricité ne soit totalement rétablie dans la seule ville de New York.

Deux centrales nucléaires, l'une à 72 km au nord de la mégapole et une autre située dans le New Jersey, ont été partiellement arrêtées lundi soir, tandis qu'une troisième, plus vétuste, était placée en état d'alerte.

État de catastrophe majeure

Le président américain Barack Obama a décrété hier en matinée l'état de «catastrophe majeure» dans les États de New York et du New Jersey. Les résidants touchés sont ainsi admissibles à des subventions exceptionnelles pour des aides à des logements temporaires et des réparations.

«Mon message au gouvernement fédéral: pas de bureaucratie. Envoyez des ressources aussi rapidement, intensément et longtemps que nécessaire», a lancé sans équivoque le président.

Devant un tel chaos, pas question pour Barack Obama de continuer sa campagne présidentielle tambour battant. Contrairement à George W. Bush qui avait été largement critiqué pour son manque d'empathie après le passage de Katrina en 2005, Obama est resté sur la côte Est pour constater les dégâts de visu.

Nombreux sauvetages

«Ne sortez pas!», a imploré la mairie de New York, hier. Presque tous les Américains de la côte Est se sont calfeutrés chez eux. Les secouristes ont été débordés malgré les recommandations. Dans le quartier Queens, des incendies auraient détruit quelque 80 habitations.

L'un des sauvetages les plus spectaculaires des derniers jours a été celui, par hélicoptère, de l'équipage du trois-mâts NCSM Bounty, bateau très connu pour être apparu dans plusieurs films (notamment Pirates des Caraïbes). Lundi soir, 14 des 16 membres de l'équipage en perdition ont été secourus au large de la Caroline-du-Nord. Le corps d'une femme a été repêché, alors que le capitaine était toujours porté disparu.

Le Canada plutôt épargné

Au Canada, la seule personne qui a péri est une piétonne de Toronto, qui a été atteinte par des débris. En Ontario et au Québec, plus de 68 000 foyers ont été privés d'électricité.

«Le bilan aurait été plus important si c'était arrivé plus tôt dans la saison, souligne André Cantin, météorologue à Environnement Canada. Le vent a plus d'emprise sur les branches lorsque les feuilles n'ont pas commencé à tomber.»

Sandy est un véritable ouragan 2,0. En pleine nuit, c'est par Twitter que le gouverneur du New Jersey a prévenu qu'il pourrait signer un décret pour reporter l'Halloween. Et pendant ce temps, sur les réseaux sociaux, de fausses photographies de Sandy et de ses dégâts pullulaient. Le libéral Denis Coderre s'est d'ailleurs fait prendre en retransmettant à la ronde une photo trafiquée d'un gigantesque ouragan.

- Avec l'Agence France-Presse et La Presse Canadienne