Le nouveau Premier ministre britannique David Cameron a défendu dimanche son gouvernement de coalition «libéral conservateur» avec les Lib Dems de Nick Clegg, et annoncé le lancement d'un audit sur les «folles» dépenses engagées par son prédécesseur Gordon Brown.

David Cameron a affirmé que la coalition était basée sur des valeurs communes et pas seulement la soif du pouvoir, sur la chaîne de télévision BBC, pour sa première interview télévisée depuis son arrivée à Downing Street mardi.

«Il ne s'agit pas seulement d'un groupe de personnes qui se sont réunies pour le pouvoir, parce qu'elles veulent réduire le déficit», a assuré David Cameron. «C'est aussi basé sur des valeurs, nous croyons vraiment qu'il faut plus de liberté dans notre société, et que l'Etat est devenu trop gros et trop despotique».

Les conservateurs britanniques, qui avaient remporté une majorité relative des sièges à la chambre des Communes à l'issue des élections du 6 mai, se sont alliés aux libéraux-démocrates, arrivés à la troisième position, pour former un gouvernement de coalition. Cette alliance sans précédent depuis la Seconde guerre mondiale a mis fin à 13 ans de règne travailliste à Downing Street.

Mais les programmes électoraux très divergents des deux partis notamment sur l'Europe, sur le nucléaire et la défense, suscitent des interrogations quant à la viabilité d'une telle alliance, jusqu'au sein des partis.

David Cameron a affirmé qu'il s'était toujours considéré comme un «conservateur libéral». «Je suis libéral parce que je crois en la liberté et les droits de l'homme, mais je suis conservateur parce que je suis sceptique en ce qui concerne les grandes théories pour refaire le monde», a-t-il expliqué.

Ce gouvernement va être une «alliance progressiste», a-t-il dit, empruntant une expression utilisée par le Labour précédemment pour qualifier une éventuelle alliance travaillistes-Lib Dems.

David Cameron a assuré que Nick Clegg, qui est son vice-Premier ministre, serait «au coeur même» du gouvernement. Il devrait le remplacer à l'occasion pour répondre aux questions hebdomadaires devant la chambre des Communes, et aura son mot à dire sur les nominations.

M. Cameron a vivement critiqué l'héritage laissé par le gouvernement travailliste de Gordon Brown, notamment aux finances, et annoncé le lancement lundi d'un audit indépendant sur les dépenses publiques «folles» engagées par le précédent gouvernement depuis un an.

«Ce que nous avons vu jusqu'ici (dans les comptes) sont des exemples isolés de mauvaise gestion et pour parler franchement de mauvais comportement», a-t-il dit.

«Le gouvernement Labour a pris des décisions sur des dépenses au cours de la dernière année qu'aucun gouvernement sensé n'aurait prises», a-t-il dénoncé.

David Cameron n'a pas exclu catégoriquement une augmentation de la TVA pour renflouer les caisses de l'Etat, mais il a souligné que c'était le volet des dépenses «qui devra assumer l'essentiel du fardeau pour réduire le déficit».

Le leader des libéraux démocrates Nick Clegg devait s'exprimer dimanche après-midi devant une conférence extraordinaire de son parti à Birmingham (centre), convoquée après l'accord de coalition.

Nick Clegg avait reconnu dans une interview publiée par le Guardian samedi que cet accord avait «surpris et choqué» certains dans son parti.

Selon un sondage Comres publié dimanche par l'Independent, un tiers des électeurs des Lib Dems ont le sentiment que Nick Clegg «a sacrifié les idées» du parti en s'alliant avec les Tories et qu'il aurait dû s'associer au Labour.

Et l'ancien leader des libéraux-démocrates Charles Kennedy a critiqué la coalition, disant craindre que les Lib Dems se fassent avaler par les Tories, dans l'Observer.