Le fondateur de Wikileaks, l'Australien Julian Assange, reclus depuis trois ans à l'ambassade d'Equateur à Londres, accuse le président François Hollande de lui avoir asséné «un coup de poignard dans le dos» en rejetant début juillet sa demande d'asile en France.

«Il y avait eu des contacts directs entre François Hollande et moi. Des SMS échangés via mon conseiller juridique français. Il y avait des signaux encourageants donnés par le président français», affirme-t-il dans un entretien au magazine français Society paru vendredi.

«Hollande ne rejetait pas la communication, il l'encourageait», poursuit-il en ajoutant que le chef de l'Etat «était au courant de ce projet».

Interrogée, la présidence française s'est refusée à tout commentaire.

«D'une certaine façon, sa réponse a été un coup de poignard dans le dos», estime aussi Julian Assange, en s'interrogeant sur «ce qui l'a poussé à se raviser entre (leurs) premiers échanges et sa réponse publique finale».

«Est-ce qu'il avait cette intention depuis le début? Peut-être désirait-il se montrer ferme, pas tellement face aux Français, mais face aux États-Unis et au Royaume-Uni. Se montrer loyal envers eux. Et rejeter publiquement une telle demande était une façon de le faire», avance-t-il.

Le fondateur de Wikileaks avait présenté sa requête d'asile en France de manière informelle, dans une longue lettre ouverte publiée le 3 juillet par le quotidien Le Monde, un choix délibéré selon lui.

«On n'était pas certains d'obtenir une réponse à 100%. C'est d'ailleurs pour cela que la lettre n'est pas une demande d'asile formelle. L'idée était d'éviter de créer un précédent en cas de refus», explique-t-il dans Society.

Il souligne avoir «décidé de lancer cette démarche après avoir reçu publiquement le soutien de la ministre française de la Justice», Christiane Taubira.

Cette dernière avait affirmé le 26 juin qu'elle ne ne serait «pas choquée» à l'dée d'accueillir Assange en France, une hypothèse qu'avait pourtant exclu un jour auparavant le Premier ministre Manuel Valls.

La requête de Julian Assange était intervenue une semaine après la révélation de la mise sur écoute de présidents français pendant plusieurs années par l'agence du renseignement américain NSA.

Cet espionnage en règle a visé, au moins de 2006 à 2012, le socialiste François Hollande et ses deux prédécesseurs de droite, Nicolas Sarkozy (2007-2012) et Jacques Chirac (1995-2007), d'après des documents de Wikileaks publiés par le quotidien Libération et le site d'information Mediapart.