Une juge militaire a rejeté vendredi l'abandon de huit chefs d'inculpation pour « détention illégale et transmission » d'informations classifiées et de deux chefs d'accusation pour «usage excessif» d'une autorisation d'accès au système informatique du gouvernement, sur les 22 qui pèsent contre le soldat américain Bradley Manning, taupe présumée de WikiLeaks.

Au troisième et dernier jour d'une audience préliminaire sur la base militaire de Fort Meade au Maryland, la juge Denise Lind a rejeté deux requêtes de la défense des avocats du jeune soldat.

Elle a estimé que ces huit chefs d'accusation qui reposent sur la loi sur l'espionnage « ne sont ni anticonstitutionnellement vagues ni substantiellement trop larges », comme le prétendait la défense dans son recours.

La magistrate a cependant demandé au gouvernement de repréciser ces accusations en vertu de la législation en vigueur en vue du procès en cour martiale, afin que le jury puisse décider ou non en dernier ressort si Manning a violé la loi en la matière.

La juge a également annoncé que le procès de Bradley Manning en cour martiale, dont le début avait été fixé au 21 septembre, ne se tiendrait finalement pas avant novembre ou même janvier 2013. La prochaine audience préliminaire aura lieu le 25 juin.

En lisant son jugement sur la première requête, la juge a rappelé que « la Cour suprême avait rejeté des allégations similaires sur le caractère vague » de la loi et en a conclu qu'« il n'y a pas d'incertitude » dans le texte.

La défense avait cité les expressions « concernant la défense nationale » et « au détriment des États-Unis ou à l'avantage de n'importe quelle nation étrangère » pour affirmer qu'elles étaient « vagues » ou « trop larges»  en violation des 1er et 5e amendements de la Constitution.

Ancien analyste du renseignement en Irak, Bradley Manning a été formellement accusé fin février de « collusion avec l'ennemi », la plus grave des 22 charges qui lui vaut d'encourir la réclusion criminelle à perpétuité. En avril, la juge Lind a rejeté une requête de la défense de Bradley Manning, qui demandait l'abandon de ce chef d'accusation.

Le soldat de 24 ans n'a pas annoncé s'il plaiderait coupable ou non coupable. Il est accusé d'avoir transmis à WikiLeaks, entre novembre 2009 et mai 2010, des documents militaires américains sur les guerres en Irak et en Afghanistan, et 260 000 dépêches du département d'État, déclenchant une tempête dans la diplomatie mondiale.