Bradley Manning, soupçonné d'avoir été la «taupe» de WikiLeaks, «voulait être un bon soldat», a affirmé mercredi un témoin de la défense, au sixième jour d'une audience qui doit déterminer si le jeune Américain doit être renvoyé en cour martiale.

L'audience se tient sur la base militaire de Fort Meade, près de Washington. Elle doit permettre de déterminer si Manning doit comparaître devant une cour martiale où il encourt la prison à vie pour «collusion avec l'ennemi».

Le jeune homme de 24 ans est accusé d'avoir transmis au site internet WikiLeaks, entre novembre 2009 et mai 2010, des documents militaires américains sur les guerres en Irak et en Afghanistan, ainsi que 260 000 dépêches diplomatiques du département d'État.

Mercredi, l'avocat de Bradley Manning, David Coombs, a appelé un ancien caporal-chef et un capitaine qui ont servi dans l'armée en même temps que l'accusé pour de brefs témoignages, avant d'annoncer que la défense n'avait pas d'autres témoins à appeler.

«J'ai vraiment l'impression qu'il voulait être un bon soldat», a déclaré le capitaine Barclay Keay, interrogé sur les aptitudes militaires de Manning.

L'autre témoin de la défense, le caporal-chef Daniel Padgett, a relaté une séance de conseils psychologiques qui avait eu lieu quand l'unité de Manning était déployée en Irak et au cours de laquelle, le soldat, «particulièrement énervé», avait dû être maîtrisé.

Un autre témoin de la scène avait précédemment indiqué que Manning avait tenté de s'emparer d'un fusil d'assaut M4 qui se trouvait dans la pièce mais le caporal-chef Padgett a affirmé «ne pas l'avoir vu se diriger vers le casier d'armes».

Me Coombs a ensuite demandé au témoin si des sanctions disciplinaires avaient été prises à l'encontre de Manning ou si l'incident avait été signalé à ses supérieurs.

«J'ai parlé de ce qui s'est passé à quelques personnes de la brigade», a répondu Daniel Padgett, indiquant qu'il n'arrivait pas à se souvenir si des mesures avaient été décidées par la suite.

La défense estime que Manning a souffert de troubles émotionnels et sexuels, en raison en particulier de son homosexualité, lors de son déploiement près de Bagdad de novembre 2009 à mai 2010, mais que ses supérieurs n'avaient pris aucune mesure pour y remédier.

Une fois les deux témoins de la défense entendus, l'officier qui préside aux débats, le lieutenant-colonel Paul Almanza, a demandé à Manning, vêtu d'un treillis vert, s'il souhaitait faire une déclaration.

«Non, je n'en ai pas besoin», a-t-il répondu.

Le lieutenant-colonel Almanza a indiqué que l'audience reprendrait jeudi à 9h avec les plaidoiries finales de l'accusation et de la défense. Le lieutenant-colonel devrait prendre ensuite plusieurs semaines avant de rendre sa décision sur le renvoi ou non de Manning devant une cour martiale.

Si la défense s'est contentée de deux témoins, l'accusation avait de son côté fait défiler à la barre de nombreuses personnes depuis l'ouverture de cette audience vendredi.

Mardi, Manning a été confronté à l'homme qui l'a dénoncé aux autorités: Adrian Lamo, un célèbre pirate informatique, qui a raconté comment le soldat avait pris contact avec lui par courriel le 20 mai 2010.

Dans une conversation en ligne que les deux hommes ont eue, publiée par le site Wired.com, Manning évoque l'éventualité de fournir des documents américains classifiés à un «fou australien aux cheveux blancs», ce qui semble être une référence au fondateur de WikiLeaks, Julian Assange.