Vingt organisations humanitaires ont appelé mercredi à instaurer d'urgence «un dialogue inclusif» en Somalie, y compris avec les insurgés islamistes shebab, pour sauver les centaines de milliers de personnes menacées de mort par une famine due à une sévère sécheresse.

«L'impératif humanitaire de sauver des vies doit prendre le dessus sur toute considération politique en cette période cruciale», estiment les ONG dans une lettre ouverte conjointe.

Les organisations humanitaires appellent tous les belligérants somaliens à «s'engager immédiatement à une cessation totale des hostilités» et à «permettre le libre passage pour l'aide et ceux qui cherchent de l'aide».

La communauté internationale est invitée à «accroître ses efforts diplomatiques et prendre contact avec toutes les parties au conflit pour assurer une livraison sans obstacle de l'aide humanitaire à travers la Somalie».

L'aide humanitaire aux quatre millions de Somaliens en situation alimentaire précaire -dont 750 000 en danger de mort selon l'ONU- se heurte au chaos politique en Somalie, et en particulier au conflit entre les forces pro-gouvernementales et les insurgés islamistes shebab.

Les shebab contrôlent la plus grande partie du centre et du sud du pays, précisément les régions frappées par la famine, où ils n'autorisent que quelques organisations humanitaires, et encore avec d'importantes restrictions.

L'ONU estime qu'une aide alimentaire est acheminée aujourd'hui à 1,39 million de personnes, sur un total de 4 millions qui en ont besoin, dont 3 millions vivant dans le sud.

Les États-Unis ont interdit en 2008 toute forme de soutien aux insurgés shebab, assimilés à un groupe terroriste, mettant ainsi en situation délicate les ONG contraintes de collaborer avec ce mouvement pour accéder aux territoires qu'il contrôle.

Washington a cependant annoncé début août un «assouplissement» de ces sanctions afin qu'elles ne puissent viser «les organisations humanitaires de bonne foi».

L'appel à un dialogue «inclusif» en Somalie est signé notamment par ACF International, le Danish Refugee Council (DRC), l'International Rescue Committee (IRC), Médecins du Monde France, Oxfam et World Vision.

Choléra, paludisme et rougeole

Les pluies saisonnières qui tomberont sur la Somalie pourraient propager des maladies parmi les centaines de milliers de réfugiés qui cherchent à échapper à la famine, ont prévenu mercredi des agences humanitaires.

Vingt groupes ont indiqué que la réponse mondiale à la crise somalienne a été insuffisante, et que des centaines de milliers de personnes pourraient encore mourir. Des dizaines de milliers d'enfants et encore plus d'adultes sont déjà morts de faim.

Les pluies du Deyr sont attendues le mois prochain. Les groupes humanitaires -dont Oxfam et Vision Mondiale- préviennent que des maladies comme le paludisme, le choléra et la rougeole auront un impact «dévastateur» sur des hommes, des femmes et des enfants mal nourris.