À 14h, l'apparition du score de François Hollande, dit «François», sur les écrans du Petit Medley a déclenché une salve d'applaudissements: près de 150 sympathisants socialistes ont suivi la «soirée électorale» en direct. «Ça fait 17 ans que j'attends ça», a lâché un militant socialiste, tout sourire.

C'est en effet la première fois depuis 1988 qu'un candidat socialiste se place en tête du premier tour pour une élection présidentielle. Pour les plus jeunes électeurs, c'est du jamais vu.

«J'ai toujours connu la droite au pouvoir, et là, c'est la première fois que je vote. C'est super», s'est félicité Alexandre, un étudiant âgé de 18 ans.

Patricia, 32 ans, se montrait prudente: «On ne sait jamais ce qui peut arriver». Cette Parisienne a quitté la France il y a deux ans. Nicolas Sarkozy est l'une des raisons de son expatriation. «Ce qu'il faisait ne me plaisait pas», a-t-elle expliqué.

Les Français de Montréal ont préféré le candidat socialiste: François Hollande a recueilli 33% des suffrages, contre 26,37% pour Nicolas Sarkozy.

Le score historique du Front national a toutefois jeté un froid. «Vingt pour cent, c'est les boules», a affirmé un militant. «Avec l'extrême droite à 20%, on ne peut pas être content, estime Yan Chantrel, représentant officiel de François Hollande à Montréal. C'est imputable à la politique de Nicolas Sarkozy. Il récolte ce qu'il a semé.»

À Montréal, la candidate du Front national a doublé le score réalisé par son père en 2007: 6,82% contre 3,27% en 2007. Jean-Luc Mélenchon récolte quant à lui 10% des suffrages, et François Bayrou, 13,44%.

Le taux de participation des Français de Montréal est en baisse, passant de 45,8% en 2007 à 39,59%.

Les partisans de Sarkozy y croient encore

Réunis à la crêperie «Les Tontons flingueurs», dans Côte-des-Neiges, à Montréal, les militants et sympathisants de Nicolas Sarkozy relativisaient le score de leur candidat. «Ce n'est pas désespéré», estime François Lubrina, le délégué de l'UMP au Québec.

«Marine Le Pen a fait 20%. Je ne pense pas que les gens qui ont voté pour elle vont voter pour François Hollande. S'ils ont à choisir entre deux maux, ils vont choisir le moindre. On ne va pas les solliciter, mais je crois qu'un électeur d'extrême droite va voter à droite plus qu'à gauche.»

Chargée de mission à l'UMP, Aurélia Le Tareau, 30 ans, admet que l'élan qui avait porté Nicolas Sarkozy à l'Élysée en 2007 n'est plus tout à fait là. Mais elle y croit. «On a perdu une bataille, on n'a pas perdu la guerre.»

Au bar, François et Christophe étaient catégoriques: François Hollande n'a pas la carrure d'un président. «Nous, on veut un président qui a de l'allure, qui peut discuter avec des chefs d'État, qui soit bon à l'intérieur, comme à l'extérieur», a expliqué Christophe. Cet homme, c'est le président sortant.

Installé depuis 18 ans au Canada, Christophe espère que Nicolas Sarkozy sera une nouvelle fois élu. «J'ai supporté les années Mitterrand», a-t-il dit, en sirotant un pastis.

L'élection d'un premier président socialiste depuis 1988 serait une mauvaise nouvelle pour la France plus que pour lui. «Moi, je reste au Canada», a-t-il conclu en souriant.

Photo: Olivier Jean, collabortion spéciale

Les militants de l'UMP étaient certes déçus, mais tous étaient convaincus de la capacité du président sortant de rebondir au second tour.