Assiste-t-on au tournant qu'espèrent depuis plusieurs semaines les troupes de Nicolas Sarkozy? S'agit-il plutôt d'un soubresaut éphémère imputable à l'omniprésence médiatique du chef d'État? Ou, plus banalement, d'un coup de sonde imprécis?

Le débat faisait rage, hier en France, à la suite de la diffusion d'un nouveau sondage suggérant que le président sortant serait passé devant le candidat socialiste François Hollande dans les intentions de vote pour le premier tour de l'élection à venir.

La firme Ifop, qui a réalisé son étude dans la foulée de l'important rassemblement tenu dimanche par la droite en banlieue parisienne, crédite Nicolas Sarkozy de 28,5% des voix au premier tour contre 27% pour son principal opposant de gauche. Il arriverait cependant toujours loin derrière lui au second tour, avec près de 10 points de pourcentage de retard.

En déplacement à Fougères, dans le nord-ouest de la France, le président s'est gardé hier de pavoiser publiquement.

«Rien n'est joué, rien n'est fait. J'ai fait campagne avant, je ferai campagne après [...]. Que chacun dise ce qu'il fera pour les cinq prochaines années. Tout le reste n'est qu'écume», a-t-il relevé.

Comme pour souligner l'intérêt de ne pas surjouer l'affaire, un nouveau sondage TNS-Sofres paru en fin d'après-midi a indiqué que François Hollande bénéficierait encore d'une avance de quatre points de pourcentage au premier tour. Et d'un écart considérable de 16 points au second tour.

Le spécialiste en études d'opinion Patrick Buisson, qui a convaincu le président de la nécessité de courtiser l'électorat d'extrême droite avant le premier tour, a assuré malgré tout, hier dans Le Monde, que le candidat socialiste perd du terrain.

Selon lui, François Hollande devrait recueillir moins de suffrages au premier tour que la candidate socialiste Ségolène Royal ne l'a fait lors de l'élection présidentielle de 2007.

Inquiétude à gauche

Le quotidien Le Figaro, proche de l'Élysée, a joué en manchette hier le sondage Ifop et profité de l'occasion pour attaquer «l'aimable bonhomie» et les «allers-retours» du candidat de gauche sur plusieurs enjeux.

Le porte-parole de François Hollande, Manuel Valls, a indiqué pour sa part que le sondage Ifop fouetterait les troupes socialistes. «Ça a l'avantage de rappeler à tous ceux qui, euphoriques, pensent distribuer les ministères qu'une élection n'est jamais jouée d'avance. Il nous faut mobiliser notre électorat, et surtout ne rien lâcher», a-t-il prévenu.

Bien que la plupart des analystes proches des socialistes aient insisté sur l'importance limitée du résultat du premier tour et du caractère prévisible d'un éventuel resserrement des résultats, certains s'inquiètent.

C'est le cas notamment du journaliste Serge Raffy, du Nouvel Observateur, qui met en garde le candidat socialiste contre le risque de «sclérose et d'immobilité» et le presse de mettre de l'avant de nouveaux visages pour sortir de «son image d'apparatchik».

Les nouveaux sondages surviennent à quelques jours de la fin de la période de mise en candidature officielle.

La candidate du Front national, Marine Le Pen, qui faisait durer le suspense depuis des semaines, a annoncé hier qu'elle avait finalement recueilli les 500 parrainages d'élus requis pour formaliser sa participation au scrutin.

D'autres candidats peinent à atteindre ce seuil fatidique, dont l'ancien premier ministre Dominique de Villepin, au plus bas dans les sondages.