Une maison aux plafonds inaccessibles dans un quartier clôturé de Mishawaka, à une vingtaine de kilomètres d'Elkhart. Le propriétaire des lieux a invité des voisins à une rencontre avec la candidate républicaine à la Chambre des représentants, Jackie Walorski - une femme costaude, véritable boule d'énergie, proche du Tea Party.

Après le punch et les gâteaux, elle se lance dans sa tirade. Il faut réduire les impôts, réduire les dépenses gouvernementales, annuler la réforme de l'assurance médicale, qui risque d'entraîner de nouvelles dépenses. Son mantra: coupe, coupe, coupe.

Que ce discours passe comme du beurre dans la poêle dans cette assemblée de nantis, ce n'est pas étonnant. Mais plusieurs électeurs croisés à la sortie du bureau de l'assurance chômage tiennent à peu près les mêmes propos.

Prenez Matt Saltsman, ex-directeur de service à Four Winds International, sans travail depuis 18 mois. Ses prestations tirent à leur fin. Le jour de notre rencontre, il s'était présenté au bureau de l'assurance chômage dans l'espoir de profiter d'une extension du programme. Extension que les républicains veulent abolir.

Pourtant, le 2 novembre, Matt Saltsman compte accorder sa voix à Jackie Walorski. Et voter ainsi contre ses intérêts immédiats. N'est-ce pas paradoxal? Il ne le croit pas. «L'État est trop présent, dit-il. Moi, je n'aime pas le socialisme.»

L'Indiana est un État conservateur qui a voté exceptionnellement pour Barack Obama en 2008, souligne le maire Dick Moore. «Ici, les gens sont fiers. Ils ne se fient pas au gouvernement», dit Gregory Halling.

À Elkhart, les gens ne veulent pas recevoir de l'aide, ils veulent travailler. Et les républicains leur promettent qu'un allègement de l'État permettra aux entreprises de créer plus d'emplois.

Aux dernières nouvelles, le représentant démocrate sortant, Joe Donnelly, détient une avance de quelques points sur Jackie Walorski. Mais la lutte est beaucoup plus serrée que prévu.

Le sénateur démocrate du coin, Brad Ellsworth, est en plus mauvaise posture encore. Il faisait toujours nuit quand, récemment, il est arrivé à l'usine AM General pour y serrer des mains.

Les électeurs n'ont-ils pas raison de se montrer déçus de la situation actuelle, après tous les espoirs soulevés par Barack Obama il y a deux ans?

«Vous savez, dans une campagne électorale, on parle de grands objectifs à atteindre. Mais quand on commence à travailler vraiment, les résultats sont longs à venir», a-t-il fait valoir, visiblement sur la défensive.

Parmi les ouvriers qui pointaient au premier quart de travail, il y avait James Clark, qui comptait voter pour les républicains. Il veut «du changement, une nouvelle manière de faire de la politique».

C'est précisément ce que promet Jackie Walorski. À Elkhart, le changement a... changé de camp.