Plus de quatre mois après l'électrochoc du massacre de l'école de Newtown, la réforme des lois sur les armes promue par le président Barack Obama doit connaître son heure de vérité mercredi au Sénat américain avec plusieurs votes, mais le pessimisme dominait.

Un vote négatif ou l'adoption d'amendements vidant de leur substance les mesures proposées par le président un mois après la fusillade marquerait une défaite politique cinglante pour Barack Obama, qui a investi un capital politique considérable sur ce thème.

Depuis janvier, il a consacré trois déplacements et deux interventions formelles à la Maison-Blanche aux armes à feu, souvent aux côtés de parents d'écoliers abattus à bout portant par Adam Lanza, le 14 décembre, dans deux salles de classe de l'école Sandy Hook à Newtown (Connecticut).

«Nous n'aurons pas assez de voix aujourd'hui», a déclaré mercredi à une journaliste de NBC le sénateur démocrate Joe Manchin, auteur de la proposition phare sur les vérifications d'antécédents judiciaires et psychiatriques avant les achats d'armes sur internet et dans les foires spécialisées.

«C'est toujours possible, mais je suis le premier à admettre que le chemin est très, très étroit pour atteindre les 60 voix», a confié à la National Review Pat Toomey, un républicain qui n'est parvenu à rallier que quelques-uns de ses collègues.

Les sénateurs devaient voter à partir de 16 h sur neuf mesures, techniquement sous la forme d'amendements au texte adoptés en commission par les démocrates.

La mesure sur laquelle se concentrent les espoirs des militants anti-armes concerne les vérifications d'antécédents, aujourd'hui requises seulement dans les magasins, sauf dans quelques États qui ont voté des lois plus strictes. Or les armureries ne représentent que 60 % des ventes, et les criminels et déséquilibrés peuvent donc se procurer librement des armes d'occasion sur le marché.

Une écrasante majorité d'Américains soutient la suppression de cette faille dans la législation, mais le lobby des armes, par la voix de la National Rifle Association (NRA), s'est montré intraitable.

Un échec «inimaginable» pour Barack Obama

À quelques heures du scrutin, selon un comptage de plusieurs médias américains, l'opposition inflexible de nombreux républicains et de plusieurs démocrates d'États ruraux comme l'Alaska devaient conduire à un vote négatif.

Pour être adoptée, la mesure devra rassembler 60 voix sur 100, or les démocrates, même s'ils votaient en bloc, ne disposent que de 55 sièges.

«L'idée que le Congrès défie l'instinct écrasant des Américains après ce que nous avons vu à Newtown est inimaginable», a averti Barack Obama dans un entretien à la chaîne NBC mardi.

Mercredi, les sénateurs voteront aussi sur des amendements traitant, entre autres, des armes d'assaut, des chargeurs de grande capacité, du trafic d'armes et du port d'armes.

Le texte sur les armes d'assaut, qui interdirait la fabrication, la vente et l'importation de centaines de modèles d'armes semi-automatiques, du type de celle utilisée par Adam Lanza, est quasi-assuré d'une défaite.

Une fois ces amendements décidés, d'autres votes devraient avoir lieu dans les jours suivants, avant un vote final sur l'ensemble du texte amendé. La Chambre des représentants, contrôlée par les républicains, devra alors se prononcer.

À l'extérieur du Capitole, une dizaine de «mamans» avec poussettes étaient venues presser mercredi le Congrès d'agir, dont Bonnie Schofield, 40 ans, venue avec sa fille Penelope, 3 ans.

«Trop d'enfants ont été massacrés, le nombre de morts par armes à feu est absurde dans ce pays. S'il s'agissait de morts dues à des attentats ou autres, la colère et l'indignation seraient écrasantes», selon elle.