Le chef du Front al-Nosra, la branche syrienne du réseau extrémiste sunnite Al-Qaïda, a offert trois millions d'euros (4,4 millions de dollars) pour la mort du président syrien Bachar al-Assad et deux millions pour celle du chef du Hezbollah chiite libanais.

Abou Mohamed al-Joulani a affirmé, dans un enregistrement audio rendu public tard lundi, qu'il paierait «trois millions d'euros à quiconque tuerait Bachar al-Assad et mettrait fin à son histoire».

«Combien de temps encore le sang des musulmans va-t-il couler pour un homme qui aime son pouvoir? Combien de temps les musulmans doivent-ils attendre pour recouvrer leurs droits?», a demandé le chef du Front al-Nosra.

Le chef djihadiste a précisé qu'il verserait cette récompense même si Assad était tué par un membre de sa famille, et affirmé qu'al-Nosra protègerait le meurtrier et sa famille.

Abou Mohamed al-Joulani a promis aussi «deux millions d'euros (environ 3 millions de dollars) pour quiconque tuerait (le chef du Hezbollah) Hassan Nasrallah, même si c'est un membre de sa propre famille ou sa secte», en allusion aux musulmans chiites.

Le Hezbollah a envoyé plusieurs milliers de combattants en Syrie pour soutenir le régime de Bachar al-Assad sur plusieurs fronts de la guerre qui a fait plus de 240 000 morts depuis mars 2011.

«Tuer» des Russes

Le chef du Front Al-Nosra a également appelé à multiplier les attaques contre la Russie, dont l'armée mène depuis deux semaines des frappes contre ses combattants, et dont l'ambassade à Damas a été visée par deux obus.

Sur le terrain, les forces du régime de Bachar al-Assad ont subi un revers dans leur tentative d'avancer dans le centre de la Syrie et d'encercler Khan Cheikhoun, un fief du Front al-Nosra. Elles ont été contraintes par les rebelles de reculer à la suite de violents combats qui ont fait depuis lundi 25 morts dans les rangs des forces du régime.

À Damas, deux obus sont tombés mardi matin dans l'enceinte de l'ambassade de Russie, au moment où se tenait une petite manifestation de soutien à l'extérieur. Ces projectiles, tirés par les rebelles islamistes positionnés autour de la capitale, n'ont pas fait de blessé, selon le journaliste de l'AFP et l'ambassade.

Cette attaque est «un attentat terroriste», qui vise «à empêcher» les «partisans de la lutte contre le terrorisme» de «remporter une victoire sur les extrémistes», a dénoncé le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.

Dans un enregistrement audio, le chef d'Al-Nosra a affirmé que l'intervention lancée le 30 septembre par la Russie se terminerait par une défaite.

«La guerre en Syrie va faire oublier aux Russes les horreurs qu'ils ont subies en Afghanistan (...) Ils vont être brisés, si Dieu le veut, au seuil de la Syrie», a assuré Abou Mohammad al-Jolani.

«J'appelle les moujahidine (combattants islamistes) du Caucase à soutenir autant qu'ils peuvent le peuple de Syrie. Si l'armée russe tue notre population, tuez sa population, si elle tue nos soldats, tuez les siens. Oeil pour oeil», a-t-il ajouté.

Pour cela, les multiples groupes rebelles éparpillés à travers la Syrie doivent «mettre de côté» leurs «disputes jusqu'à la disparition et l'écrasement de la croisade occidentale et de la campagne russe», selon lui.

L'aviation russe concentre jusqu'à présent ses raids sur le centre et le nord de la Syrie où se trouve le Front al-Nosra, notamment dans les provinces d'Idleb et Hama où il combat avec d'autres groupes islamistes.

Tirs israéliens sur le Golan

Le chef d'Al-Nosra a également appelé les rebelles à frapper les villages alaouites, secte chiite à laquelle appartient le président Assad. «Il faut élargir la bataille et viser les villages nousairis (mot péjoratif pour designer les alaouites) de Lattaquié et j'invite toutes les fractions rebelles à réunir le plus grand nombre d'obus possibles pour frapper ces villages chaque jour avec des centaines de projectiles comme ils le font contre nous», a-t-il dit.

L'aviation russe a poursuivi ses raids sur les provinces de Hama, d'Idleb et d'Alep, pour appuyer l'avancée de l'armé syrienne, des milices prorégime, des combattants chiites libanais du Hezbollah et des militaires iraniens, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Son directeur Rami Abdel Rahmane a fait état de renforcement d'éléments du Hezbollah dans la province de Hama et l'arrivée de milliers de combattants iraniens à l'aéroport de Hmeimim, au sud de Lattaquié, utilisé également par l'aviation russe.

Dans le sud, l'artillerie israélienne a bombardé deux positions de l'armée syrienne sur le plateau du Golan pour répliquer à des tirs de roquettes vers la partie de cette région occupée par Israël, a annoncé l'armée israélienne.

Par ailleurs, les États-Unis ont parachuté 50 tonnes de munitions de petit calibre et des grenades à des «groupes arabes» en Syrie pour les aider contre le groupe armé État islamique, illustrant leur réorientation après le fiasco de leur plan d'entraînement de forces locales.

Il s'agit d'une coalition de «groupes arabes» qui se bat depuis plusieurs mois dans le nord-est, aux côtés de la principale milice kurde syrienne YPG (Unités de protection du peuple kurde). Ils avaient réussi à bouter l'EI de plusieurs secteurs frontaliers avec la Turquie.

Les YPG ont annoncé lundi la constitution d'une coalition formelle avec le groupe majoritairement arabe Burkan al-Furat (Le volcan de l'Euphrate), qui s'intitule les Forces démocratiques syriennes (FDS).

- Avec Layal Abou Rahal