La Ligue arabe a appelé la communauté internationale à prendre les mesures de «dissuasion» nécessaires contre le régime syrien soupçonné de recourir à l'arme chimique, tandis que le président américain Barack Obama tente de convaincre le Congrès d'appuyer une action armée.

À trois jours de la réunion du G20 jeudi à Saint-Pétersbourg, la Russie a de nouveau lundi dit son opposition à une frappe contre son allié syrien, en mettant en doute les informations présentées par Washington et ses alliés sur l'utilisation d'armes chimiques par le pouvoir dans une attaque près de Damas le 21 août.

Entre-temps, les combats entre soldats et rebelles continuent de faire rage sur plusieurs fronts en Syrie avec leur lot quotidien de dizaines de morts, les troupes du régime bombardant notamment des secteurs au nord-est de Damas ayant tué 42 personnes dimanche, dont une vingtaine de rebelles, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Les Nations unies et la communauté internationale doivent «assumer leurs responsabilités» dans le conflit syrien, ont conclu les ministres arabes des Affaires étrangères à la fin d'une réunion tenue d'urgence dimanche soir au Caire.

Selon eux, des «mesures de dissuasion» s'imposent contre «les auteurs de ce crime odieux» qui n'est autre à leurs yeux que le régime de Bachar al-Assad syrien qu'ils accusent de l'attaque du 21 août qui a fait des centaines de morts selon l'opposition syrienne et Washington.

«Arrêter la machine de guerre» d'Assad

Les ministres n'ont toutefois pas évoqué ouvertement une frappe militaire, envisagée par les États-Unis et la France, signe de divisions au sein de l'institution panarabe où des pays comme l'Égypte, l'Algérie, l'Irak et le Liban qualifient une telle intervention d'«ingérence étrangère».

Mais le chef de la diplomatie saoudienne Saoud al-Fayçal, dont le pays veut la chute du régime Assad, y a apporté son soutien. «Toute opposition à une action internationale ne peut être qu'un encouragement pour le régime de Damas à poursuivre ses crimes».

Devant les ministres arabes, le chef de la Coalition nationale syrienne, Ahmad Jarba, a plaidé en faveur d'une intervention étrangère pour arrêter «la machine de guerre et de destruction» du régime du président Assad qui fait fi des menaces internationales.

Aux États-Unis, M. Obama, le vice-président Joe Biden et le chef des services de la Maison-Blanche vont multiplier lundi et mardi les appels téléphoniques à destination de membres de la Chambre des représentants et du Sénat pour tenter de convaincre les élus sceptiques de voter en faveur des frappes.

«Nous martèlerons le même argument fondamental: si on ne fait rien contre Assad, l'impact dissuasif de la réglementation internationale contre l'usage des armes chimiques sera affaibli et cela risque d'encourager Assad et ses principaux alliés -Hezbollah et Iran- qui verront qu'une aussi flagrante violation des normes internationales n'entraîne aucune conséquence», selon un responsable de la Maison Blanche.

Le secrétaire d'État John Kerry a assuré que les États-Unis avaient reçu et analysé des échantillons prouvant l'utilisation de gaz sarin dans l'attaque du 21 août, qu'il a une nouvelle fois attribuée au régime de Damas.

La Chambre des représentants et le Congrès, en vacances jusqu'au 9 septembre, débattront chacun en séances plénières à partir de cette date, et les sénateurs devront voter ensuite.

Avant cela, M. Obama doit se rendre jeudi en Russie pour le sommet du G20.  Créant la surprise, le président américain a choisi samedi de formellement requérir une autorisation d'usage de la force militaire en Syrie.

La Russie pas convaincue

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a affirmé que les informations présentées par les États-Unis et leurs alliés concernant l'utilisation d'armes chimiques par le régime syrien «ne convainquent absolument pas» la Russie.

«On nous a montré quelques images où il n'y a rien de concret: ni cartes géographiques ni noms, il y a là de nombreuses incohérences, beaucoup de doutes», a-t-il dit.

«Ce que nous ont montré par le passé et plus récemment nos partenaires américains, ainsi que les Britanniques et les Français, ne nous convainc absolument pas», a-t-il insisté. «Et quand on demande davantage de détails, ils disent que tout est secret et qu'ils ne peuvent pas le montrer».

Les États-Unis ont rendu public la semaine dernière un rapport des services de renseignement énumérant un faisceau d'éléments prouvant selon eux l'implication de responsables syriens dans l'attaque à l'arme chimique.

M. Assad a continué pour sa part de défier l'Occident en affirmant que son armée était capable de résister à toute attaque.

L'opposition syrienne a, elle, accusé le régime d'avoir, en prévision d'une attaque, «transféré équipements et soldats des sites militaires vers les zones résidentielles et des bâtiments gouvernementaux de nature civile (...) et placé des lance-roquettes et des armes lourdes dans les quartiers résidentiels».