Abdel-Fattah el-Sissi, un ancien général égyptien et candidat vedette à la présidence, a visité le pape copte samedi, à la veille de la Pâque orthodoxe, faisant sa première apparition publique depuis qu'il a formellement annoncé sa candidature aux prochaines élections.

Le pape Théodore II est un fidèle partisan du général à la retraite, qui a grandement contribué au renversement du premier président élu démocratiquement d'Égypte, l'islamiste Mohammed Morsi, l'été dernier après un important soulèvement populaire.

Théodore II avait appuyé cette opération militaire et était apparu aux côtés de M. el-Sissi, d'autres leaders musulmans et de politiciens laïques après le renversement. La chute de M. Morsi a provoqué la colère de certains musulmans qui ont brûlé ou vandalisé des églises et des édifices gouvernementaux dans le pays.

Cette visite au siège copte de celui considéré comme le favori dans la course à la présidence est une sorte d'hommage rendu à la communauté chrétienne de l'Égypte, qui représente environ dix pour cent de la population. M. Morsi n'a jamais visité la cathédrale Saint-Marc; il a plutôt envoyé un représentant à sa place l'an dernier.

Selon un communiqué de presse, M. el-Sissi a dit au pape Théodore que les chrétiens et les musulmans demeureraient unis.

L'ancien général aura vraisemblablement peu d'opposants menaçants durant la campagne électorale qui débutera le 2 mai, pour culminer avec le vote, les 26 et 27 mai. M. el-Sissi jouit de la sympathie générale pour l'armée qui a découlé de l'opération contre M. Morsi. Il a démissionné de son poste dans l'armée juste avant d'annoncer sa candidature. La loi interdit aux militaires de se présenter.

Hamdeen Sabahi a aussi présenté sa candidature officiellement. Ce politicien de gauche a soumis à la commission électorale une liste de 30 000 signatures appuyant sa candidature. C'est 5000 de plus que le minimum requis, mais six fois moins que le nombre soumis par M. el-Sissi.

Avec environ cinq millions de votes, M. Sabahi était arrivé en troisième position aux élections de 2012.

Après avoir remis ses documents à la commission, M. Sabahi a dit souhaiter des élections justes et déclaré que sa campagne réaliserait les souhaits de la révolution déclenchée par les jeunes.

Deux policiers tués dans une attaque

Un officier et un conscrit égyptiens ont été tués dans la nuit de samedi à dimanche dans une nouvelle attaque contre la police dans une Égypte en pleine répression des partisans du président islamiste destitué Mohamed Morsi, a annoncé le ministère de l'Intérieur.

Les deux militaires ont perdu la vie lorsque des assaillants armés ont tiré sur la voiture à bord de laquelle ils patrouillaient sur la route reliant Le Caire à Suez, sur le canal du même nom, précise le communiqué du ministère.

Les attaques contre policiers et militaires se sont multipliés en Égypte depuis la destitution le 3 juillet par l'armée du président Morsi, le seul chef de l'État jamais élu démocratiquement dans ce pays un an et demi après qu'une révolte populaire a chassé Hosni Moubarak du pouvoir.

Le gouvernement mis en place par le chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi aussitôt après son éviction mène, depuis, une très sanglante répression visant les partisans de M. Morsi, en particulier sa confrérie des Frères musulmans. Plus de 1400 manifestants pro-Morsi ont été tués par soldats et policiers --dont au moins 700 au Caire dans la seule journée du 14 août--, plus de 15 000 personnes ont été arrêtées et des centaines d'islamistes déjà condamnés à mort dans des procès expéditifs.

C'est en représailles à cette répression que des insurgés jihadistes revendiquent régulièrement les attentats visant les forces de l'ordre, principalement Ansar Beït al-Maqdess, un groupe armé du Sinaï qui dit s'inspirer d'Al-Qaïda mais sans lien connu avec les Frères musulmans.

Le gouvernement dirigé de facto par Abdel Fattah al-Sissi, candidat et grand favori de la présidentielle prévue les 26 et 27 mai, tient les Frères musulmans pour responsables de toutes les attaques et attentats qui ont tué, selon lui, près de 500 personnes depuis la destitution de M. Morsi. La confrérie islamiste a été déclarée «organisation terroriste».

- Avec AFP