Dans un hôpital égyptien de Charm el-Cheikh, les médecins se démènent lundi pour soigner 14 Sud-Coréens blessés dans un attentat contre un autocar de touristes ayant fait quatre morts la veille et qui pourrait être l'oeuvre d'un kamikaze.

Un Sud-Coréen habitant en Égypte et parlant l'arabe accompagne les médecins de chambre en chambre pour les aider à communiquer avec les patients, selon un journaliste de l'AFP sur place.

Sans vouloir en dire plus, il dit qu'il collabore avec l'ambassade.

Des médecins légistes sont également présents pour examiner les dépouilles des touristes et de leur chauffeur, ainsi que les restes humains retrouvés sur place, explique le directeur de l'hôpital Mohamed Ashry.

«Nous avons trois dépouilles et plusieurs restes humains, nous ne savons pas s'ils appartiennent à une personne ou à plusieurs», explique-t-il à l'AFP.

L'attentat mené au poste-frontière de Taba, une station balnéaire du sud-est du Sinaï, et dans lequel trois Sud-Coréens et le conducteur égyptien ont été tués, est vraisemblablement l'oeuvre d'un kamikaze et marque un possible tournant dans la stratégie des jihadistes qui jusqu'ici ne visaient que les forces de sécurité.

C'est le premier à viser des touristes depuis la destitution par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi le 3 juillet.

L'autocar transportait 31 membres d'une Eglise chrétienne de la province méridionale de Jincheon en Corée du Sud ainsi que leur guide, selon le ministère sud-coréen des Affaires étrangères. Les touristes effectuaient un voyage de 12 jours comprenant des séjours en Turquie, en Égypte et en Israël. Ils allaient passer en Israël lorsque l'attentat s'est produit. 

«Personne ne s'y attendait» 

Au troisième étage de l'hôpital, où régnait le silence, les patients étaient réticents à parler aux journalistes.

L'un d'eux, assis dans une chaise roulante dans un couloir, parlait au téléphone. Il a également refusé de parler à l'AFP.

«Ils sont choqués, ils ne veulent pas se remémorer le moment», a dit un responsable de l'ambassade de Corée du Sud à l'AFP sous le couvert de l'anonymat.

«Tout est arrivé si vite, ça a été une surprise pour tout le monde. Personne ne s'y attendait», ajoute-t-il.

Deux Egyptiens ont également été blessés dans l'explosion, selon M. Ashry.

Assis dans les jardins de l'hôpital, le frère du chauffeur de bus égyptien tué dans l'attaque recevait les appels de proches présentant leurs condoléances.

«Nous avons appris la mort de mon frère comme tout le monde, à la télé. Quand nous avons vu les images du bus, nous l'avons reconnu», dit d'une voix rauque Sameh Joseph Samy, 45 ans, qui travaille lui aussi comme chauffeur de bus dans le tourisme.

«Il allait du monastère de Sainte-Catherine à Taba. Comment aurions-nous pu nous attendre à quelque chose de ce genre? Taba est ultra-sécurisée. Elle ne pourrait pas être plus sécurisée», poursuit-il, entouré de collègues venus le soutenir. Eux aussi disent leur incompréhension.

«C'est toujours plein de policiers», dit Magdi Mansour, 55 ans, également chauffeur de bus.

«Comment est-ce que ça a pu arriver quand un bus qui vient à Taba de Sainte-Catherine passe par pas moins de huit barrages» de police?, ajoute-t-il, incrédule.

«Maintenant nous nous déplaçons avec la peur que quelque chose se passe», dit-il.