Alors que deux Canadiens ont entamé hier une grève de la faim pour dénoncer leur incarcération dans une prison égyptienne, une campagne mise sur pied pour obtenir leur libération continue de gagner des appuis.

Le cinéaste John Greyson et le médecin Tarek Loubani sont incarcérés depuis le 16 août en Égypte. Même si aucune accusation n'a encore été portée contre eux, la justice égyptienne a annoncé dimanche que les deux hommes passeraient deux semaines supplémentaires derrière les barreaux. Les prisonniers ont fait savoir lundi qu'ils allaient entreprendre une grève de la faim pour dénoncer leur détention arbitraire.

Une pétition destinée au ministre des Affaires étrangères, John Baird, avait déjà recueilli plus de 129 000 signatures au moment d'écrire ces lignes. Des personnalités comme Atom Egoyan, Charlize Theron et Ben Affleck ont aussi demandé publiquement qu'ils soient libérés sans délai.

Les deux hommes devaient se rendre dans la bande de Gaza. Tarek Loubani allait en Palestine pour y enseigner la «médecine d'urgence». À titre de cinéaste, John Greyson l'accompagnait en vue d'un éventuel documentaire.

Ils ont été arrêtés au Caire lorsqu'ils sont entrés dans un poste de police pour demander leur chemin. Les autorités ont laissé entendre qu'ils sont soupçonnés d'avoir aidé les Frères musulmans dans une attaque contre un poste de police.

Les familles des deux hommes s'inquiètent particulièrement du fait que les mesures d'urgence décrétées par le gouvernement égyptien permettraient aux autorités de prolonger leur incarcération pendant deux ans sans qu'aucune accusation ne soit portée contre eux.

Jabeur Fathally, expert du monde arabe et professeur en droit civil à l'Université d'Ottawa, y voit d'ailleurs un excès de zèle de la police égyptienne. «Quels que soient les soupçons de la police, je suis persuadé qu'ils ne sont pas fondés, qu'on ne trouvera rien.» Mais le gouvernement canadien doit intensifier ses pressions sur le gouvernement égyptien, croit-il. «Cela fait un mois qu'ils sont en prison, je dois avouer que je suis un peu inquiet.»

Dimanche dernier, le gouvernement fédéral s'est dit «déçu» d'apprendre que les deux hommes resteront en détention. «Le Canada partage les inquiétudes des familles et des amis du Dr Loubani et de M. Greyson et, en l'absence d'une confirmation des accusations qui pèsent sur eux, continue de réclamer leur libération», a déclaré la ministre d'État aux Affaires étrangères et consulaires, Lynne Yelich.