Des magistrats égyptiens ont accusé mercredi des organisations non-gouvernementales égyptiennes et étrangères, notamment américaines, de mener illégalement des activités «politiques».

Ces ONG sont accusées d'avoir agi «sans autorisation» pour mener des «activités purement politiques sans rapport avec un travail auprès de la société civile», a affirmé devant la presse l'un des magistrats chargés de l'enquête, Sameh Abou Zeid.

Les locaux de ces organisations avaient été perquisitionnés et certains de leurs employés, dont des Américains, pourraient être jugés.

La justice égyptienne a annoncé le 5 février que les cas de 44 travailleurs associatifs, dont des Égyptiens, 19 Américains, des Allemands, des Norvégiens, des Serbes, des Jordaniens et des Palestiniens avaient été déférés devant la cour criminelle du Caire en vue d'un procès à une date indéterminée.

Selon M. Abou Zeid, ces activités «ont pris une autre dimension après la révolution du 25 janvier» qui a mis fin l'an dernier au pouvoir du président Hosni Moubarak.

«Ces activités sont devenues politiques, avec de la formation dispensée à des partis politiques et des tentatives de mobiliser des gens», a-t-il ajouté.

Il a également répété les accusations selon lesquelles ces associations opéraient en Égypte sans avoir de permis officiel et étaient financées illégalement depuis l'étranger.

Cette affaire a tendu les relations entre l'Égypte et les États-Unis, qui apportent chaque année une aide de 1,3 milliard de dollars à l'armée égyptienne, au pouvoir depuis la chute du président Hosni Moubarak.

Trois sénateurs américains ont mis en garde l'Égypte mardi à propos des poursuites engagées contre les responsables associatifs, prévenant que le risque d'une rupture «catastrophique» entre les deux pays avait rarement été aussi grand.

Au département d'État, la porte-parole Victoria Nuland a assuré mardi que les organisations non gouvernementales «qui soutiennent la démocratie en Égypte jouent un rôle important dans le processus de transition et n'ont rien fait de mal» et a fait part de la «profonde inquiétude» de Washington.

Cette action en justice fait suite à des perquisitions dans 17 locaux d'ONG égyptiennes et internationales de défense des droits et de promotion de la démocratie le 29 décembre.

Parmi elles figurent les organisations américaines National Democratic Institute (NDI), International Republican Institute (IRI) et Freedom House, ainsi qu'une allemande, la fondation Konrad Adenauer.