Des centaines de familles et de travailleurs étrangers fuyaient dimanche Bani Walid, un des derniers bastions du régime de Mouammar Kadhafi, où des combats font rage entre des forces pro-gouvernementales et des groupes armés de la ville.

Samedi, des combats ont fait au moins 26 morts et plus de 200 blessés, notamment parmi les ex-rebelles désormais enrôlés dans les troupes gouvernementales, lors de la journée la plus meurtrière depuis le début des hostilités et qui a coïncidé avec le premier anniversaire de la mort de Mouammar Kadhafi.

Dimanche, des dizaines de voitures transportant des familles quittaient la ville de 100 000 habitants, située à 185 km au sud-est de Tripoli, en direction de l'ouest, selon un photographe de l'AFP.

À 3 km de l'entrée principale de la ville, des coups de feu nourris et des explosions étaient entendus, témoignant de la violence des combats, selon le photographe de l'AFP.

Tripoli estime que Bani Walid est «devenue un abri pour un grand nombre de hors-la-loi hostiles à la révolution et même à des mercenaires», tandis que les habitants de cette oasis accusent des «milices de Misrata» de faire pression sur les autorités pour détruire la ville et chasser sa population en raison de rivalités historiques.

Le colonel Salah al-Borki, qui dirige une des brigades d'ex-rebelles sur le front ouest de la ville, a indiqué dimanche que ses forces avançaient vers la ville.

«Nous sommes en train de traiter avec quelques éléments qui résistent encore, et surtout des snipers postés sur les toits», a-t-il dit, faisant état de deux blessés parmi ses hommes.

«Nous essayons d'assurer des couloirs sécurisés pour permettre aux civils de quitter la ville, afin d'avoir une plus grande marge de manoeuvre», a-t-il ajouté, expliquant que ses hommes «n'ont fait usage jusqu'ici que d'armes légères pour épargner les civils».

De son côté, le commandant militaire du principal groupe armé à Bani Walid, Salem Al-Ouaer, a fait état d'«affrontements sur tous les fronts».

«Nous allons résister jusqu'à la dernière goutte de sang. Nous vivrons dans la dignité ou nous mourrons pour défendre notre terre», a-t-il déclaré, mettant en garde contre une «guerre civile» en Libye.

Samedi, les autorités ont semé la confusion, relayant des rumeurs et des déclarations contradictoires, sur l'arrestation de membres de l'ancien régime, dont Khamis, un des fils de Kadhafi ou Moussa Ibrahim, ex-porte-parole du régime de Mouammar Kadhafi, qui tentaient, selon eux, de fuir la ville.

Des dizaines de manifestants de la ville Bani Walid ont manifesté à Tripoli devant le Congrès général national (CGN) la plus haute autorité politique du pays, pour dénoncer le bombardement de leur ville et les «fausses informations diffusées par les autorités pour justifier une tuerie à Bani Walid», selon un des manifestants.

Les services de sécurité ont tiré en l'air pour empêcher l'entrée des manifestants dans le bâtiment.

La menace d'un assaut pesait depuis plusieurs semaines sur Bani Walid après la mort d'un ex-rebelle enlevé et torturé à Misrata, qui a exacerbé les tensions entre Misrata et Bani Walid, cités voisines choisi des camps opposés lors du conflit.

Le CGN avait alors donné des prérogatives aux ministères de la Défense et de l'Intérieur pour arrêter les coupables de cet enlèvement ainsi que d'autres recherchés par la justice.