Abdallah al-Senoussi, ex-chef des services de renseignement du régime de Mouammar Kadhafi, a été extradé par la Mauritanie et a déjà quitté mercredi ce pays où il était détenu depuis mars, a appris l'AFP de sources officielles concordantes à Nouakchott.    

« Les autorités mauritaniennes remettent l'ex-chef des renseignements libyens Abdallah al-Senoussi à la Libye », pouvait-on lire en arabe sur un bandeau défilant sur la télévision d'État mauritanienne, sans plus de détails.

Un responsable mauritanien, joint par l'AFP, a parlé d'« extradition » de M. Senoussi, et a ensuite précisé qu'« il a effectivement quitté la Mauritanie », sans indiquer la date de son départ du pays.

« Toutes les procédures légales concernant cette extradition ont été respectées et les garanties d'usage données par le gouvernement libyen », a-t-il assuré sous couvert d'anonymat, sans autres commentaires.

La Cour pénale internationale (CPI), basée à La Haye, a indiqué mercredi à l'AFP qu'elle n'avait « pas d'information à ce sujet » tout en rappelant que M. Senussi était « recherché par la CPI, qui a lancé contre lui un mandat d'arrêt "pour crimes contre l'Humanité" ».

Plusieurs autres sources officielles mauritaniennes interrogées par l'AFP ont indiqué qu'une délégation libyenne, comprenant les ministres de la Défense et des Finances ainsi que le chef d'état-major de l'armée libyenne ont séjourné mardi à Nouakchott. Les sources estiment que ce déplacement entrait dans le cadre de l'extradition de M. Senoussi, recherché par la CPI et par la Libye.

Le séjour de la délégation libyenne n'a fait l'objet d'aucune communication officielle à Nouakchott.

Beau-frère de l'ancien « Guide de la révolution » libyenne, Abdallah al-Senoussi, un colonel, faisait partie du premier cercle entourant Mouammar Kadhafi, dirigeant libyen déchu et tué en 2011.

Recherché par la CPI, par la France et par la Libye, M. Senoussi est entré en Mauritanie avec un passeport malien sous une fausse identité, et a été arrêté dans la nuit du 16 au 17 mars à l'aéroport de Nouakchott, alors qu'il arrivait du Maroc. Il avait été placé en garde à vue avant d'être inculpé le 21 mai de « falsification de document de voyage » et entrée illégale dans le pays. Il était détenu à Nouakchott depuis son arrestation.

Le président mauritanien Mohammed Ould Abdel Aziz avait indiqué le 6 août que le Libyen serait jugé avant toute décision concernant son éventuelle extradition.

« C'est lorsque la justice mauritanienne aura terminé avec son dossier qu'une décision politique sera envisagée pour son extradition. (...) M. Senoussi a des problèmes avec la justice en Mauritanie, il doit être jugé pour son entrée avec une fausse identité en Mauritanie », avait dit le président Ould Abdel Aziz lors d'une déclaration publique à Atar (nord de la Mauritanie).

Selon lui, « le passeport avec lequel Senoussi est entré en Mauritanie n'est pas falsifié, mais il y est indiqué qu'il est Malien et il se présente sous un faux nom, ce pour quoi la justice mauritanienne doit le juger ».

Et cette « situation a été expliquée aux délégations libyennes venues demander l'extradition, tout comme à la partie française » qui réclame également l'extradition de l'ex-chef libyen des services de renseignements pour son rôle dans l'attentat contre un avion d'UTA en 1989.

Une délégation libyenne, dirigée à l'époque par le premier ministre Abderrahim El-Kib, était venue début juillet à Nouakchott pour demander au président Ould Abdel Aziz l'extradition de Senoussi.

La CPI a lancé un mandat d'arrêt à l'encontre d'Abdallah al-Senoussi le 27 juin 2011, l'accusant d'avoir commis « des meurtres et des persécutions de civils constitutifs de crimes contre l'humanité » dès le début, mi-février 2011, de la révolte contre le régime de Kadhafi.