Le régime libyen a de nouveau proposé jeudi un cessez-le-feu tout en excluant un départ de Mouammar Kadhafi, au moment où les rebelles ont affirmé avoir pris le contrôle de la raffinerie du port stratégique de Zawiyah près de Tripoli.

Les insurgés ont ouvert depuis mercredi trois nouveaux fronts, l'un à Ajaylat, dans l'Ouest, l'autre dans l'Est à Al-Hicha, à mi-distance entre Misrata et Syrte, ville natale du colonel Kadhafi, et un troisième à Morzuk, dans le Sud-Ouest saharien.

Parallèlement, des combats se déroulaient à Brega, dans l'Est, et à Zawiyah, à une quarantaine de km à l'ouest de Tripoli. Les rebelles ont affirmé contrôler la raffinerie de Zawiyah, la seule de l'Ouest libyen et l'une des dernières sources d'approvisionnement du régime en pétrole et en gaz.

Mais le régime a démenti. «Sans aucun doute, la raffinerie de Zawiya est sous notre contrôle», a dit le Premier ministre Baghdadi Mahmoudi lors d'une conférence de presse à Tripoli.

Au moment où les rebelles s'approchent de la capitale, bastion du régime, M. Mahmoudi a lancé un appel à «un cessez-le-feu immédiat» et au dialogue, tout en excluant un départ de M. Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans.

«Le moment est venu pour un cessez-le-feu immédiat», a-t-il dit, en faisant état de contacts menés par son gouvernement pour trouver une solution politique au conflit, lancé le 15 février par une contestation du régime réprimée dans le sang, qui s'est transformée en guerre civile.

«Nous sommes prêts pour commencer le dialogue immédiatement en vue de mettre fin à cette crise immédiatement», a dit M. Mahmoudi, tout en répétant que le sort de M. Kadhafi «ne sera l'objet d'aucune discussion».

Le président du Conseil national de transition (CNT), organe politique de la rébellion basé à Benghazi (est), Moustapha Abdeljalil, a en revanche rappelé que le départ de Mouammar Kadhafi était un préalable à toute discussion.

Des informations contradictoires ont circulé ces derniers jours sur la tenue à Djerba en Tunisie, et à Tunis de négociations entre représentants du régime et de l'insurrection.

L'ancien Premier ministre français Dominique de Villepin a dit au journal français Le Parisien avoir participé à des «discussions» en Tunisie pour tenter de trouver une issue au conflit, mais sans en révéler la teneur et sans préciser ses interlocuteurs.

L'envoyé spécial de l'ONU pour la Libye, Abdel Ilah Khatib, a effectué une visite en Tunisie où il a dit avoir rencontré «des représentants du CNT et du gouvernement sans que ce soit dans le cadre de négociations officielles».

En attendant, les rebelles semblent marquer des points sur le terrain.

À une trentaine de km au nord-ouest de la ville côtière de Zawiyah, ils contrôlaient la quasi-totalité de Sabrata, à l'exception de la partie orientale de la ville, selon Abdel-Salam Othman, un porte-parole des rebelles.

Les insurgés ont atteint le bord de mer dans l'extrême nord de Sabrata, a constaté un correspondant de l'AFP sur place, qui a vu des postes des pro-Kadhafi abandonnés le long de la côte.

Sabrata et Zawiyah sont situées sur la route côtière reliant la Tunisie à Tripoli, qui sert à l'approvisionnement du régime.

«L'étau se resserre autour de Tripoli, depuis les montages de l'Ouest, à Sorman, à Zawiyah et sur le flanc est de Tripoli», a affirmé M. Abdeljalil qui a dit espérer fêter dans la capitale l'Aïd el-Fitr, qui marquera la fin du mois de jeûne musulman du ramadan fin août.

Il a toutefois dit craindre que la bataille pour la prise de Tripoli ne tourne à «une véritable boucherie au vu du comportement de Kadhafi».

Avec l'étau qui se resserre autour de Tripoli, la tension est de plus en plus perceptible sur les visages des Tripolitains, dont la vie est rythmée par les raids de l'Otan et perturbée par la pénurie de carburant, la multiplication des points de contrôle.

Les insurgés ont attaqué mercredi, à 250 km à l'est de la capitale, la localité d'Al-Hicha, située au sud de l'enclave rebelle de Misrata et sur la route reliant Tripoli à Syrte, bastion militaire du régime.

Et jeudi, des combattants venus de Misrata ont progressé d'une quarantaine de kilomètres au sud de Touarga, prenant le contrôle d'un pont stratégique, a indiqué la rébellion en faisant de quatre morts dans ses rangs.

Les rebelles ont aussi annoncé contrôler Morzuk, une importante localité du Sud-Ouest saharien.

Mais, a prévenu le chef des rebelles, «Kadhafi ne quittera pas facilement le pouvoir, il le fera dans le désastre».

Photo Bob Strong, Reuters

Un rebelle libyen déchire un poster de Kadhafi trouvé dans les locaux administratifs de la raffinerie de pétrole de Zawiyah.