Au moins 60 personnes ont été tuées et des dizaines d'autres blessées dans une offensive des forces pro-Kadhafi lancée samedi sur Zaouïa, à 50km à l'ouest de Tripoli, alors que les chars de l'armée libyenne ont fait leur entrée dans la ville en état de siège en tirant sur les habitations.

Les forces à la solde du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi qui ont attaqué samedi Zawiyah ont perpétré un «massacre» dans cette ville à l'ouest de Tripoli, a indiqué à l'AFP un médecin de la ville joint par téléphone. «C'est un vrai massacre. La situation est catastrophique. Ils ont tué beaucoup de monde. Ils ont tué ma fille», a-t-il déclaré, la voix émue, avant de s'effondrer en pleurs. «Je ne peux rien dire de plus», a-t-il seulement ajouté.

«Les chars sont partout dans la ville et tirent sur les habitations. J'en ai vu passer sept devant chez moi. Les tirs d'obus n'arrêtent pas», a indiqué à l'AFP un habitant de la ville, contrôlée depuis le 27 février par l'opposition.

«Priez pour nous», a-t-il dit avant que la communication ne soit brutalement coupée.

«Je suis sous le feu. Je ne peux pas vous parler maintenant», a répondu de son côté un médecin sur le terrain, joint par téléphone.



Un précédent bilan faisait état de 7 morts. «Il y a eu au moins 7 morts dans l'offensive lancée ce matin par deux bataillons sur la ville. Les blessés se comptent par dizaines», indiqué à l'AFP un médecin d'un hôpital de la ville, s'exprimant sous couvert de l'anonymat.

«C'est horrible ce qui s'est passé ce matin dans la ville. Les mercenaires tiraient sur tous ceux qui osaient sortir de chez eux, y compris les enfants», a-t-il dit, affirmant qu'un universitaire, «professeur de physique avait été tué alors, pour avoir passé la tête par la porte de sa maison». «Nous manquons de tout dans les hôpitaux. Nous avons besoin d'aide», a-t-il ajouté.

Selon lui, les rebelles contrôlaient toujours le centre de la ville, située à environ 60 km à l'ouest de Tripoli.

«Nous avons subi deux offensives, une par l'est et une venant de l'ouest de la ville de la part de la katiba (bataillon) de Khamis (fils du colonel Kadhafi) et celle (du bataillon) de Hosban. Maintenant nous sommes en état de siège des deux côtés», a ajouté ce médecin qui se disait «en état de choc».

Il a indiqué par ailleurs que la «résistance a tué et fait prisonniers de nombreux éléments ennemis».

Un habitant de la ville joint par téléphone, a confirmé que la ville était toujours aux mains des insurgés, affirmant que des forces pro-Kadhafi ont été repoussées en dehors de la ville.

«Nous les avons repoussés. Trois soldats ont été pris au piège en se réfugiant dans un appartement de la ville. L'un d'eux s'est suicidé et les deux autres ont été faits prisonniers par les révolutionnaires», a-t-il indiqué.

Selon lui, l'attaque a commencé à 06h00, heure locale (23h00, le 4 mars à Montréal)).

«Ils sont entrés dans la ville avec des chars et des 4x4 et ont attaqué les insurgés à l'arme lourde. Mais ils ont été repoussés et nous avons pris possession de beaucoup d'armes et d'au moins trois chars», a-t-il encore ajouté.

Les violents affrontements entre les insurgés et des forces à la solde du colonel Kadhafi avaient débuté vendredi à Zaouïa, faisant de «nombreux» morts et blessés, selon des sources locales et de l'opposition. Selon l'opposition, des bataillons loyaux au colonel Kadhafi avaient fait usage de l'artillerie lourde pour repousser des insurgés qui tentaient de prendre d'assaut le camp militaire d'Al-Harcha dans la ville.

Les forces pro-Kadhafi avaient tiré par ailleurs sur des manifestants à proximité de l'hôpital de la ville, a-t-on ajouté de même source.