Près de 80 civils ont péri vendredi dans les frappes sur les zones rebelles assiégées de la Ghouta orientale, où les habitants continuent de fuir par centaines l'offensive dévastatrice du régime syrien et de son allié russe pour reconquérir totalement cette région.

À la faveur de cet assaut lancé le 18 février, le pouvoir de Bachar al-Assad a repris 70 % de cet ultime bastion rebelle aux portes de Damas. Au moins 1346 civils, dont 270 enfants, ont été tués et des milliers blessés en près d'un mois de bombardements, selon un dernier bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

En dépit des condamnations et des appels à un cessez-le-feu principalement des Occidentaux, le régime, aidé militairement par Moscou, poursuit son opération, dans un pays ravagé depuis sept ans par une guerre qui a fait plus de 350 000 morts.

Sur un autre front du conflit, près de 30 civils ont été tués à Afrine dans des bombardements de l'armée turque qui mène une offensive contre cette enclave kurde du Nord-ouest syrien.

Vendredi dans la Ghouta orientale, 76 habitants ont été tués, principalement dans les raids sur les localités de Saqba et Kfar Batna, selon l'OSDH, qui a attribué les frappes à l'aviation russe.

À Kfar Batna, huit corps brûlés gisaient au sol dans la rue, selon un photographe collaborant avec l'AFP. Des blessés sont en outre laissés sur place en raison du manque de secouristes.

L'OSDH a fait état de « corps carbonisés » dans cette localité, signalant l'utilisation de « bombes incendiaires ». Aucune confirmation indépendante de cette affirmation n'a pu être obtenue.

« Atrocités »

Devant la progression des troupes gouvernementales, près de 2000 civils ont fui les localités du sud de l'enclave, n'ayant d'autres choix que de rejoindre les secteurs sous contrôle du régime, malgré la crainte de représailles, selon l'Observatoire.

Transportant quelques affaires, des femmes portant des enfants, des vieillards et même des blessés ont emprunté un corridor humanitaire pour sortir de l'enclave et arriver en zone gouvernementale.

La veille, quelque 20 000 habitants sont sortis de la Ghouta, selon l'OSDH. L'ambassadeur syrien à l'ONU, Jaafari, a évoqué le chiffre de 40.000.

Dans la localité gouvernementale d'Adra, au nord de l'enclave rebelle, quelque 3000 personnes sont entassées dans une école transformée en centre d'accueil. Certains ont passé la nuit dans la cour, dormant à même le sol, selon un correspondant de l'AFP sur place.

Pour reprendre totalement le bastion rebelle d'où des obus sont tirés sur la capitale Damas, le régime a morcelé la région pour isoler les territoires et affaiblir les rebelles.

Les forces du régime ont repris vendredi le contrôle total de la localité de Hammouriyé, au lendemain d'une contre-offensive de rebelles et de djihadistes, selon l'OSDH.

« Jusqu'à quand, les puissances vont-elles permettre à cette situation de traîner ? » s'est insurgé le président de la Croix-Rouge internationale, Peter Maurer, après avoir accompagné jeudi un convoi d'aide dans l'enclave rebelle. « Quel espoir y a-t-il pour des enfants qui ont vu des familles détruites et des atrocités commises ? »